Pourquoi les Allemands devraient aussi fêter le 8 mai

Tandis que le monde célèbre aujourd’hui le 8 mai, la capitulation de la Wehrmacht, l’Allemagne fait semblant qu’il s’agit d’un jour comme un autre. Etrange.

La signature de l'acte de capitulation allemande par le Maréchal Keitel libérait aussi les Allemands. Qui ne s'en souviennent pas. Foto: US Army / Lt. Moore / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Lorsque le Maréchal Keitel signait l’acte de la capitulation allemande, la IIe Guerre Mondiale était finie. 50 millions d’hommes et de femmes avaient laissés la vie, sacrifiés sur l’autel d’une idéologie meutrière et folle. Les Alliés avaient sauvé le monde en stoppant cette folie allemande, mais de nombreux Allemands ont une autre lecture de ce qui s’est passé le 8 mai 1945.

Si vous demandez à un Allemand ce qu’évoque pour lui la date du 8 mai, soit on vous répond rien («pourquoi, il y avait quoi le 8 mai ?»), soit on vous répond que ce jour-là, «l’Allemagne a perdu la guerre». Comme s’il s’agissait d’un match de football. Un coup tu gagnes, un coup tu perds. Mais on n’entend que très rarement quelqu’un dire «ce jour là, les Alliés ont libéré le monde et aussi l’Allemagne du nazisme».

Nous autres Allemands sont les premiers qui devraient se souvenir de ces dates, autant du 8 mai que du 11 novembre, date encore moins bien connue en Allemagne que le 8 mai. Mais les Allemands ont peur de se confronter à leur propre passé. Car la génération de nos pères voulait nous faire croire que les gens n’étaient pas vraiment au courant de ce que faisaient les nazis. Si on peut comprendre le reflexe de vouloir se dédouaner de ce crime terrible, il convient de rester réaliste. Les camps de la mort, les arrestations, les déportations – tout cela s’est passé au grand jour – le camp de Dachau, par exemple, se trouve en plein centre de la petite ville bavaroise, entre l’église et le bistrot du centre-ville. Impossible de ne pas avoir été au courant de ce qui s’y passait. Mais les Allemands ne veulent plus trop y penser. Alors, le 8 mai, on passe une journée comme les autres.

Le fait que le 8 mai ne soit pas commémoré en Allemagne, constitue à la fois un manque de respect vis-à-vis des 50 millions de victimes du nazisme et une attitude qui traduit le fond de pensée qui permet aujourd’hui à des mouvements de néonazis et de xénophobes de sortir à nouveau dans la rue. Et puisque des anciennes idées reviennent à la surface, il faudra instaurer un jour férié le 8 mai aussi en Allemagne. Non pas pour pointer du doigt des générations innocentes car néés après la guerre, mais pour la mémoire collective qui semble déjà oublier.

Mais il ne faut jamais oublier – Hitler et sa bande de criminels sont arrivés au pouvoir par le biais d’élections démocratiques. Ce qui devrait nous rappeler notre devoir démocratique. Nous tous, nous pouvons hisser des Hitlers au pouvoir, mais nous tous, nous pourrons aussi les empêcher d’y arriver. Il ne faut plus s’amuser à faire de «votes sanction», il faut utiliser, tant que c’est encore possible, nos bulletins de vote pour chasser tous ceux qui préparent les nouvelles guerres, qu’elles soient militaires, économiques, religieux ou politiques. Au lieu de travailler comme toujours, les Allemands devraient aussi s’arrêter le 8 mai, ne serait-ce que pour réfléchir 30 minutes comment éviter de telles catastrophes à l’avenir.

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