On aurait presque envie de rire…

… face aux mesurettes concernant la nuit de la Saint Sylvestre. Après avoir autorisé pendant tout le mois de décembre les marchés de Noël et les matchs de foot, on veut se rattraper sur une seule nuit.

Le méchant virus tremble déjà face aux mesurettes décidées pour la nuit de la Saint Sylvestre... Foto: Uoaei1 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Heureusement que le ridicule ne tue pas. Après avoir autorisé pendant tout le mois de décembre les marchés de Noël, après avoir autorisé des matchs de foot avec 25000 personnes dans les stades, on déploie maintenant une énergie considérable pour organiser une nuit de la Saint Sylvestre sans feu d’artifice, sans fêtes et sans rien. Des groupes de travail ont pondu des textes allant en ce sens, on a fait intervenir des graphistes pour établir des visuels de ce qui sera autorisé (et surtout de ce qui sera interdit) et force est de constater que ces mesurettes-là, s’inscrivent dans la longue liste des décisions inutiles et ne visant en rien le combat contre ce virus.

Donc, pas de feu d’artifices. Les animaux domestiques apprécieront et ceux qui voudront faire la fête, feront sans doute la fête. Plus de 70% des Français n’entendent pas se limiter dans leurs fêtes qui marqueront le début de la nouvelle année et on a du mal à imaginer les forces de l’ordre aller d’appartement en appartement pour y compter les invités et pour contrôler leur pass sanitaire. Et on prend les paris ? Dans les « quartiers chauds », il y aura pétards, fusées, feux d’artifices, comme tous les ans. La police n’entrera pas dans ces quartiers, comme d’habitude, pour ne pas déclencher des émeutes. Mais bon, puisque certains quartiers sont aujourd’hui des « zones de non-droit », les mesurettes du gouvernement ne les concernent pas, de toute façon.

Mais au moins, nous avons des règles pour la nuit de la Saint Sylvestre et ces règles sont strictes. L’achat, le transport et l’utilisation de feux d’artifices sont interdits. L’idée derrière cette interdiction, est de couper l’envie aux gens de faire la fête pendant cette nuit. Mais puisqu’il s’agit de réduire ainsi, le nombre de contacts sociaux, pourquoi alors avoir maintenu les marchés de Noël où de dizaines de milliers de personnes étaient comme des sardines dans une boite ? Pourquoi, à ce moment-là, avoir autorisé des matchs de foot avec 25000 spectateurs serrés les uns contre les autres, sans masque, bras dessus-bras dessous, en chantant, hurlant, mangeant et buvant ? Tout ça pour déployer maintenant les grands moyens pour une seule nuit ? A moins que le gouvernement dispose d’informations que nous ignorons, comme une virulence particulière d’Omicron annoncée pour la nuit du 31 décembre ?

L’actionnisme concernant la nuit de la Saint Sylvestre ne fait que traduire l’impuissance absolue des gouvernements face à cette pandémie. La tentative de ménager le choux et la chèvre, donc, d’assurer les affaires des commerçants pendant ce mois de décembre, tout en protégeant la santé publique, a lamentablement échouée. Et c’était à prévoir.

Nous avons perdu de nombreuses semaines que le gouvernement a passé à parader devant les caméras pour raconter qu’il gère cette crise beaucoup mieux que les autres pays. Si aujourd’hui, dans certains cantons du Bas-Rhin, on affiche une incidence d’environ 1000, ce n’est pas par hasard et les restrictions pour la nuit de la Saint Sylvestre n’y changeront rien. Hormis le fait que ceux à qui s’adressent ces restrictions, ne les respecteront pas de toute manière, il aurait fallu organiser ces marchés de Noël autrement (ou les annuler comme les voisins allemands) et on aurait du interdire l’organisation de matchs de foot dans des stades pleins.

Au mois de janvier, nous allons tous payer l’ardoise pour les manquements du monde politique, et le prix à payer, sera la santé publique. Face aux nouvelles vagues, deux soucis animent aujourd’hui le gouvernement : comment maintenir la population active à flot et deuxièmement, comment tirer un profit électoral de cette évolution ? Le reste, à Paris, on s’en fiche royalement.

Aujourd’hui, le monde politique se félicite d’avoir su maintenir les activités au mois de décembre. Attendez-vous à un mois de janvier marqué par de nouvelles restrictions, de nouveaux interdits, une nouvelle chasse aux personnes non vaccinées. Et avant les élections, on aura majoritairement oublié que la gravité des nouvelles vagues est une conséquence directe de la défaillance de nos gouvernements. Après tout, on entend de nombreuses personnes reprendre les slogans issus d’un lavage de cerveau – « finalement, ils n’ont pas géré cette crise si mal que ça ». A force de nous le rabâcher, il y en a qui finissent par le croire. Même si l’actionnisme pour la nuit de la Saint Sylvestre pourrait faire croire que le gouvernement agit. Mais malheureusement, les mesurettes pour la nuit de la Saint Sylvestre, ne serviront strictement à rien. 2022 s’annonce très difficile. Une pandémie, c’est mauvais. Une pandémie en période électorale, c’est une catastrophe…

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