Otage dans son propre pays

Le régime d’Alexandre Loukachenko en Biélorussie présente de plus en plus souvent son prisonnier de marque Roman Protassevitch devant les média. Une farce.

Le visage tuméfie - "ils ne m'ont pas battu ou touché, je vais très bien..." Foto: SMERSCH SCG / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La Biélorussie d’Alexandre Loukachenko se délecte en présentant son prisonnier de marque Roman Protassevitch devant les médias. Pas n’importe quel média, bien sûr, devant des médias dont la mission est de chanter les louanges du dictateur qui n’est autre qu’une marionnette de Vladimir Poutine. Lors de ces « conférences », Protassevitch, visage tuméfié, visiblement objet de maltraitances de toute sorte, doit dire des choses qui ressemblent aux autocritiques des intellectuels chinois pendant la révolution culturelle. Au choix entre le peloton d’exécution et des fausses déclarations publiques, le choix de la deuxième option se comprend.

« Je vais très bien », Protassevitch a du dire devant les caméras, « personne ne m’a frappé ou m’a touché avec un doigt ». Les traces de ces maltraitances (ses parents, après avoir visionné les images, estimes que son nez a été cassé et son visage porte également des traces de coups), Protassevitch les porte sur le visage. Dans le scripte qu’il a du réciter devant les caméras, il y avait même un message pour ses parents : « Maman, papa, ne vous inquiétez pas, tout va bien chez moi. » La façon de faire du régime Loukachenko est insupportable.

La « conférence », organisée par le ministère des affaires étrangères (!), servait à la fois à justifier le détournement du vol Ryanair Athènes – Vilnius et l’arrestation du bloggeur. Et les services du dictateur s’essayent même dans une communication moderne. Ainsi, Protassevitch était forcé de dire qu’il ne soutenait pas Loukachenko, « mais je respecte l’homme qu’il est ». On ne peut pas s’empêcher de penser aux façons de faire des nazis ou de Staline.

La survie de Roman Protassevitch dépend visiblement de sa coopération dans cette farce politique. Et il convient de se souvenir que derrière tout ce scandale, se trouve Vladimir Poutine, car Alexandre Loukachenko n’aurait jamais osé une telle violation du Droit international sans le consentement du Kremlin.

Les cas de Roman Protassevitch et celui de Julian Assange en Grande Bretagne se ressemblent. Des journalistes ou bloggeurs sont incarcérés sous des chefs d’accusation construits de A à Z pour pouvoir les faire taire – car les gouvernements criminels ne craignent qu’une chose : que leurs agissements soient rendus publics.

Toutes ces violations des Droits de l’Homme restent impunies et généralement, sans conséquences. Il faudra modifier les règlements internes des institutions européennes et surtout de l’ONU qui lui, est devenu un tigre sans dents. Sans une assemblée des nations du monde ayant un réel impact sur la politique planétaire, nous allons droit dans le mur. Que ce soit dans l’Orient ou dans l’Occident, les choses qui s’y passent, se ressemblent. Il est où, le bouton « Reset » ?

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