Pologne : un avant-goût de ce qui attend les Français ?

Le « Bouclier anti-crise COVID-19 »

Panneau routier polonais Foto: Mariejeanjean/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/3.0Unp

(Marc Chaudeur) – En Pologne, le parti populiste au pouvoir, PiS, vient de faire voter un Plan pour aider l’économie du pays à soutenir le choc du virus, voire le cas échéant à se redresser. Il est d’ores et déjà évident que rien ne changera dans la politique polonaise ces prochaines années, et que ce sont les classes inférieures et moyennes qui paieront les pots cassés – cassés par d’autres. Une préfiguration des tours de passe-passe qui attendent les Français ?

Ce Plan attend d’être voté par la Chambre haute (c’est-à-dire le Sénat) et le président de la République Andrzej Duda après l’avoir été le week end dernier par le Sejm, c’est-à-dire les députés de la Chambre basse. Il y a bien peu de chances qu’il soit rejeté… Sur le fond, osons une conclusion anticipée : il est de plus en plus frappant de constater les convergences – par-delà les péroraisons enflammées – entre libéralisme et national-populisme dans les politiques réelles, celles qui déterminent l’existence de millions de personnes. Bonnet blanc et blanc bonnet, comme l’a dit un personnage dont notre mémoire a le droit de ne retenir que cette citation.

Le gouvernement PiS annonce 212 milliards de zlotys (42 milliards d’euros) d’aides. 7,5 milliards comme dépenses de santé, 30 pour les investissements publics (maigre!), 30 pour la protection des emplois, et… 70 milliards aux banques. Cela donne 60 milliards seulement de contributions directes au budget national. La somme allouée aux banques correspond surtout à une autorisation de débloquer des fonds provenant des réserves obligatoires.

Comme l’expose excellemment Romain Su dans le Courrier d’Europe Centrale, des mesures doivent être prises pour rabouter un mécanisme de chômage partiel. Mais ce mécanisme indemnisera surtout les employeurs, bien davantage que les employés et les travailleurs. Des subventions permettront en principe de réduire les coûts du personnel. Et, on s’en doute bien : les employeurs auront la possibilité de suspendre certaines règles du Code du Travail, de faire passer la durée du travail quotidien à 12 heures (au lieu de 8) et de réduire la durée minimale de repos à 8 heures (contre 11 heures actuellement). Grincements de dents à prévoir : ces mesures seront financées par des cotisations sociales, autrement dit, par les employeurs…

En somme, les conditions de travail vont empirer (pour une durée indéterminée ; ne nous faisons pas d’illusions), et l’aide financière sera assurée par une partie de ceux qui précisément ont besoin d’aide !

Pas de relance, pas de réel investissement important de l’État : ce gouvernement populiste du PiS, comme demain certains gouvernements libéraux, prétend sauver le pays tout en y faisant payer le moindre coût aux couches sociales qui disposent des finances les plus importantes.En d’autres termes, le PiS joue à l’Etat-providence en pratiquant des comptes d’apothicaire et dans la crainte d’exercer une pression fiscale trop lourde sur les plus aisés. Les discours continuent à emprunter les apparences de la socio-démocratie tout en préparant concrètement la population à l’exact contraire d’une politique sociale généreuse, cohérente et conséquente.

Des lendemains qui chantent ? Non, des lendemains qui comptent (les sous).

A lire, l’excellent article du
Courrier international

https://courrierdeuropecentrale.fr/

 

 

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