Pour les Français, le maire reste le premier de cordée des élus

Alain Howiller présente le « hitparade de la confiance aux responsables politiques » - où les maires font bella figura...

L'écharpe du maire est toujours un gage de confiance pour les Français. Foto: Claude Humbert / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Alain Howiller) – C’était il y a, à peine, un an, le 28 Juin 2020, l’élection que tout le monde attendait : le deuxième tour des élections municipales avait lieu ce jour… trois mois après un premier tour catastrophique pour lequel seul un peu plus de 44% des électeurs s’étaient déplacés. Ils avaient été 18,89% plus nombreux à se déplacer pour le premier tour des élections municipales précédentes en 2014 ! Les observateurs espéraient que cette consultation électorale bénéficiant généralement d’un fort taux de participation échapperait, malgré la pandémie, à l’indifférence redoutée chez les électeurs.

Peine perdue : le deuxième tour prévu initialement le 22 Mars, a du être reporté au 28 Juin : 4.827 communes n’avaient pas pu élire de conseil municipal et 16,5 millions d’électeurs devront retrouver le chemin des urnes ! Ils ne seront finalement pas plus nombreux à se déplacer : ils seront 41,86% à aller voter (-20,27% par rapport au tour correspondant de 2014). On ne savait pas, alors, que l’abstention serait encore plus forte aux élections régionales et départementales, mais on s’interrogeait déjà sur la signification réelle d’un tel « abandon de poste électoral » : déficit démocratique, effet de la crise sanitaire, ombre portée sur l’image de celui qui, jusque-là, paraissait intouchable : le maire crédité, au fil des sondages, d’un taux de satisfaction dépassant les 60% !

Les maires et la COVID-19. – La cinquième enquête « IPSOS » menée pour « l’Observatoire de la démocratie de proximité », l’Association des Maires de France (AMF) et le Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF)(1), en partenariat avec notre confrère Le Figaro, apporte quelques réponses rassurantes aux questions posées. D’abord le sondage, qui vient d’être publié, souligne que 60% des Français considèrent que les mesures prises par les maires pour lutter contre l’épidémie de COVID-19 étaient étaient « justes » (ni insuffisantes, ni exagérées), taux auquel il faut ajouter 4% de sondés qui considéraient que les mesures étaient « vraiment exagérées » et 5% « un peu exagérées ». Un satisfecit d’autant plus appréciable (même si, évidemment, comparaison n’est pas en l’occurrence raison !) que 46% des Français considèrent que le terme de « juste » s’applique à l’action anti-pandémie du Président de la République !

Poursuivant leur analyse, les sondeurs soulignent que 74% des Français (+3 points par rapport à la précédente enquête de 2019) expriment un niveau de confiance élevé à l’égard du maire. Sur une échelle de 1 à 10 mesurant la satisfaction, le maire obtient la note de 6,2 et à la question « quelle confiance accordez-vous aux personnalités occupant les fonctions de maire ? », ce dernier bénéficie de 20% de sondés faisant « confiance » et 54% faisant « plutôt confiance ». A titre de comparaison, les taux sont respectivement de 4 et 39% pour les députés. Du coup, dans ce pays dont les habitants sont réputés être les champions du monde (!) du pessimisme, 43% des sondés sont optimistes pour l’avenir de leur commune, 46% n’étant… ni optimistes, ni pessimistes !

Un candidat-maire aux présidentielles ? – Pour ceux qui avaient des doutes sur l’image du maire, l’enquête menée à bien par « IPSOS », tombe d’autant plus à pic que l’AMF doit renouveler ses instances lors de son prochain congrès (16 au 18 Novembre à Paris) et qu’elle nourrit les espoirs de ceux qui espèrent que l’actuel président de l’association des maires, François Baroin, maire de Troyes, ancien ministre, se décide -malgré ses nombreuses dénégations- à être candidat « LR » aux élections présidentielles de 2022.

En attendant (espérons que cela sera pris en compte avant les prochaines élections municipales prévues… en 2026 !) la cote de confiance (74%) dont bénéficie le maire, placé devant le conseiller départemental (57%), régional (54%), le député (43%) ou le sénateur (39% de taux de confiance), sera-t-il un élément essentiel de l’ancienne loi dite des « 4 D » (pour « Différenciation, Décentralisation, Déconcentration et Décomplexification »)(2). Le gouvernement vient de soumettre le projet au Sénat : 158 articles regroupés sous la nouvelle appellation de « projet de loi 3 DS ». Le quatrième « D » (pour Décomplexification) a disparu. Ce n’est pas pour autant que ce projet fourre-tout a perdu de sa… complexité, d’après les premières réactions des… sénateurs ! Il porte notamment sur les possibilités de coopération entre communes, y compris entre municipalités sises sur une frontière.

Transfrontalier et CeA. – Oubliée au départ dans ce texte, qui était en gestation dix mois, la coopération transfrontalière figure dans un titre qui apporte des précisions en ce domaine. Alors que le projet ne prévoit pas une remise en cause des grandes régions (donc du « Grand Est »), il ouvre des perspectives à la nouvelle « Collectivité Européenne d’Alsace (CeA) ». Que restera-t-il du projet qui risque fort d’être amendé au Sénat puis à l’Assemblée Nationale qui devrait l’examiner à partir du 15 Septembre ? Il reste déjà le résultat du sondage de l’Observatoire de la Démocratie de proximité dont les auteurs rappellent qu’il se « dégage une large majorité pour privilégier un modèle d’organisation politique où les décisions seraient prises au nom d’un principe d’efficacité justifiant une adaptation dans chaque territoire (75% des sondés partagent ce point de vue) contre un principe d’égalité territoriale (25% sont pour cette solution) ». Vaste programme dans une France qui continue de cultiver, quoi qu’il en coûte (!), un centralisme tatillon contre lequel la lutte anti-pandémie a eu bien du mal à l’emporter !

(1) « L’Observatoire de la Démocratie de proximité » est un organisme créé par l’Association des Maires de France (AMF) et le Centre de recherches CEVIPOF de Sciences Po (Paris)

(2) Voir eurojournalist.eu du 18.05.21.

 

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