Qui l’eut cru…

Lors du deuxième tour des élections présidentielles en Turquie, Recep Tayyip Erdogan rempile pour un mandat. Mais en vue de nombreuses irrégularités, l'opposition aura du mal à accepter sa défaite.

Erdogan a déjà annoncé sa victoire au 2e tour des élections présidentielles. Foto: Hilmi Hacaloglu VOA / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Pendant les deux semaines entre les deux tours de l’élection présidentielle en Turquie, le président sortant Recep Tayyip Erdogan avait tout mis en œuvre pour discréditer son challenger Kemal Kiličdaroglu. Sur les chaînes du service public et sous ordre du gouvernement, Recep Tayyip Erdogan disposait de plus de 31 heures de présence, tandis que Kemal Kiličdaroglu devait se contenter de 32 minutes. Pendant que les bulletins étaient encore comptés, l’opposition faisait une nouvelle fois état d’irrégularités dans des bureaux de vote et en vue de l’avantage minime d’Erdogan face à son adversaire, il y a fort à parier que ces prochains jours et semaines, la Turquie connaîtra de fortes tensions.

Au moment de la rédaction de cet article, 98,7% des bulletins étaient comptés et Erdogan menait avec 52% à 48% – même si pendant toute la procédure de comptage, les résultats intermédiaires donnaient un avantage moindre à Erdogan et par moment, voyaient même Kemal Kiličdaroglu devant.

Avant que l’opposition ne puisse s’organiser, Erdogan s’est déjà déclaré vainqueur de cette élection et cela ne promet rien de bon pour la Turquie. Erdogan s’octroiera des pouvoirs encore plus étendus, rallumera le conflit avec les Kurdes, poursuivra les réfugiés se trouvant en Turquie et s’attaquera encore davantage aux droits fondamentaux des Turcs. Il doit son succès aux soutiens des candidats ultra-nationalistes et aussi au vote des Turcs vivant à l’étranger qui continue à plébisciter un président sous lequel ils n’accepteraient jamais de vivre. Mais Erdogan et l’AKP travaillent la diaspora turque depuis de longues années au corps, ce qui se traduit par un vote pro-AKP et pro-Erdogan d’environ 70%. Considérant le résultat très serré de ce deuxième tour, la contribution de la diaspora turque à la réélection d’Erdogan est importante.

Aujourd’hui, la Turquie est divisée – et les deux camps, les pro-Erdogan et les pro-Kiličdaroglu représentent chacun environ la moitié de la population. Dans une telle situation, il est difficile d’imaginer qu’Erdogan puisse être le « président de tous les Turcs », mais il n’est même pas certain qu’il souhaite l’être.

Maintenant, il faut attendre les rapports des observateurs internationaux de ce deuxième tour, et suite à la publication de ces rapports, il faut voir comment l’opposition turque réagira. Mais il est difficilement envisageable que la Turquie retrouve rapidement une quelconque sérénité politique. La suite risque d’être mouvementée…

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