Réfugiés : une bonne idée et une mauvaise idée

Tandis que les ministres de la défense européenne suivent leurs réflexes habituels en voulant renforcer les services secrets, Jean-Claude Juncker lance la discussion sur des quotas à respecter par les pays européens.

Le président de la Commission Européenne veut imposer des quotas. Ce qui est beaucoup plus raisonnable que cette stupide "guerre contre les passeurs". Foto: Claude Truong-Ngoc / Eurojournalist(e)

(KL) – Que faut-il penser de cette Europe, qui ne parle pas du tout avec une langue, mais qui démontre son inefficacité par des déclarations même contradictoires ? Le week-end, 5 des 28 ministres de la défense européens se sont réunis pour lancer la «guerre contre les passeurs», en discutant des idées aussi excellentes que le renforcement des services secrets européens et nord-africains. Comme s’ils ignoraient que les services secrets européens sont devenus des monstres technologiques dont la mission principale consiste à fournir aux Etats-Unis, toutes les informations dont «Uncle Sam» a besoin. En même temps, le président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker a lancé un plan de quotas, imposant à l’ensemble des 28 états-membres d’accueillir un nombre de réfugiés pour ne pas laisser l’Italie, la Grèce et Malte gérer le drame en Méditerranée seuls. Mauvaise idée – bonne idée : 1-1.

Mais quelle mouche a donc piqué les ministres de la défense ? Et pourquoi se réunissent-ils qu’à 5 au lieu de débattre une question aussi cruciale que celle des réfugiés en «petit comité» au lieu d’impliquer l’ensemble des partenaires européens ? Toujours est-il que la «guerre contre les passeurs» ne servira à rien. Le seul moyen de lutter efficacement contre ce phénomène, est de changer la politique européenne de manière à ce que les passeurs n’aient plus de marché. Comprendre : créer un «corridor légal et sécurisé» pour les demandeurs d’asile, évitant ainsi que les réfugiés aient à emprunter des embarcations de fortune qui souvent, les conduisent directement à la mort. Tant que ce «corridor» n’est pas mis en œuvre, une «guerre contre les passeurs» ne fera qu’augmenter les tarifs pour ces «voyages à la mort», tout en rendant les affaires des passeurs encore plus lucratives.

Pendant que les ministres de la défense occupaient leur temps à discuter comment renforcer les services secrets, visiblement oubliant le scandale NSA/BND qui actuellement, choque l’Allemagne, le président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker, avait une bonne idée. Au lieu de se joindre aux chants belliqueux et irréalistes des ministres de la défense, Juncker a (re-)lancé le débat sur les quotas.

Juncker et la Commission veulent mettre en place un système de quotas, imposant aux 28 états-membres de l’Union, d’accueillir, en fonction de leur taille et capacité, un nombre défini de réfugiés. Jusqu’alors, l’Union avait laissé ce problème à la charge des pays méditerranéens, faisant une nouvelle fois preuve d’un manque d’humanisme et de solidarité flagrant.

Pour définir le nombre de réfugiés à accueillir, le calcul sera basé sur le PIB des 28, sur la population, le taux de chômage et le nombre de demandeurs d’asile déjà acceptés. Toutefois, il faudra veiller à ce que cette initiative ne vise pas dans les fait, de réduire le nombre de réfugiés accueillis en Europe – actuellement et en vue de cette stupide «guerre contre les passeurs», on sent les institutions européennes capables de tout.

Le Parlement Européen, lui, s’est déjà prononcé en faveur d’un tel système de quotas – en votant un texte correspondant la semaine dernière à 449 voix pour, 130 contre et 93 abstentions. 93 abstentions pour un vote d’une telle importance ? Les 93 eurodéputés n’ayant pas d’opinion sur une telle question, devraient démissionner. L’Europe a mérité mieux que des députés qui se fichent ouvertement du sort des réfugiés africains. A suivre.

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