Régionale en Autriche : victoire du SPÖ

Hans Peter Doskozil, le gouverneur SPÖ du Burgenland Foto: Tanja Hofer/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – Victoire importante de la social-démocratie, tant dans le Land autrichien du Burgenland (près de la frontière hongroise)  que pour le pays tout entier – et donc pour l’Union Européenne. Le candidat de la SPÖ, Hans Peter Doskozil, a en effet remporté le scrutin avec un très beau score de plus de 50%.

Dans cette région, la plus orientale et la moins peuplée d’Autriche, qui partage 370 kilomètres de frontières avec la Hongrie, le SPÖ mène une politique plutôt stricte et restrictive en matière d’immigration. Le prédécesseur de Doskozil, Hans Niessl, a d’ailleurs gouverné le land en coalition avec le FPÖ, le parti populiste et ultra-conservateur… Et la politique sociale du SPÖ dans le Burgenland est attentive et généreuse : les employés régionaux touchent un salaire minimal de 1700 euros net (non, pas par semaine, par mois).

Voilà sans doute les raisons essentielles du succès du SPÖ en Burgenland, traditionnellement ancré dans la social-démocratie, il est vrai. Son ex-partenaire de coalition, le FPÖ, n’a fait que 10 %, le parti de droite du Chancelier Sebastian Kurz (le VPÖ) 30 %, et les Verts connaissent un score inchangé depuis 2015, à savoir 6,5 %.Il faudra s’interroger plus avant sur les raisons de cette stagnation.

En tout cas, les résultats du SPÖ sont importants à plus d’un titre : d’une part, ce sont les premières élections significatives après la formation de la Coalition (très controversée) ÖVP/Verts au plan national ; elles ont permis de prendre le pouls politique du pays. Et d’autre part, le vainqueur, Hans Peter Doskozil, y gagne une puissance qui pourra s’avérer redoutable au plan national ; certains vont même jusqu’ à lui prédire la succession de l’actuelle présidente fédérale du SPÖ, Pamela Rendi-Wagner, femme remarquable mais controversée, pour des raisons diverses, par beaucoup de responsables et de militants de son parti.

Hans Peter Doskozil, âgé de 49 ans, a exercé la fonction de ministre fédéral de la Défense nationale et des Sports (en Autriche, ces deux domaines sont en effet rassemblés sous la même étiquette, comme vers la fin du 19ème siècle à l’époque du Père Jahn…) C’est un homme très populaire dans ce Land qui par ailleurs, guette avec beaucoup de curiosité, parfois avec approbation, mais toujours avec une certaine inquiétude ce qui se passe chez le voisin hongrois.

Espérons donc très fort que sur le plan fédéral, les électeurs comprendront à nouveau la grande pertinence d’un gouvernement social-démocrate des biens et des gens, et parviendront à se débarrasser de la coalition boiteuse Grünen/VPÖ qui règne non sans mal – un mal qui ne cessera d’ empirer en 2020 – sur Vienne.