Salzburg : dans quel tiroir ranger les migrants ?

Au sommet des chefs d’État de Salzburg, les désaccords resurgissent

A Salzburg, dans le Jardin des Nains du Chateau Mirabell... Foto: MatthiasKabel / Wikimédia Commons / CC-BY-SA 3.0Unp

(MC) – Deux points essentiels et aigus sont au programme de la rencontre des chefs d’Etat européens à Salzburg, ces jours-ci : le Brexit et la « question des migrants ». Pour le premier, il y a fort à parier que les problèmes et les dissensions ne seront pas réglés après-demain, que cette empoignade grotesque et obscène d’adolescents boutonneux finira plutôt mal et au détriment de la Grande-Bretagne, hin hin, bien fait pour eux ; en tout cas, de nombreux industriels ont tiré la sonnette d’alarme et attiré l’attention des Exiteers sur les graves dangers de l’isolationnisme. Les Anglais pourront se consoler en augmentant considérablement la part des investissement chinois dans la Grande Ile.

Pour ce qui est de la question des migrants, on ne peut davantage espérer un règlement, ne serait-ce que modestement satisfaisant. Nous savons bien que le noyau dur des gouvernements populistes et para-fascistes ne bougeront pas d’un iota : Salvini, Orban et les autres ne lèveront pas le petit doigt.

Après un été très mouvementé, les tensions se sont exaspérées sur le sort à réserver à ces millions d’êtres humains partis chercher, comme naguère des centaines de milliers d’Italiens… et d’Alsaciens, une  vie décente très loin de leur pays. Donald Tusk, le président du Conseil Européen, a appelé les dirigeants européens à mettre fin au « jeu des reproches » que l’on a pu admirer notamment entre France et Italie ; au point que l’animosité entre Italiens est palpable, et qu’on a l’impression que les querelles entre dirigeants contaminent leurs peuples… C’est abject, et cela rappelle – cela aussi – les années 1930.

En tout cas, l’idée émise au printemps dernier de « plateformes de débarquement «  a été refusée par les pays sollicités, notamment ceux des Balkans. En Afrique, le Niger et le Tchad ont remodelé cette demande et pourraient sans doute admettre une mouture moins dure de ces plateformes qui seraient, en réalité et en tout état de cause, des plateformes d’enfermement.

Autre idée qui n’a pour ainsi dire pas vu l’ombre d’une réalisation ces derniers mois : celle de “centres de contrôle” , où on ferait le tri comme avec des petits pois entre « demandeurs d’asile légitimes »  et « migrants économiques irréguliers » . Sur le papier, comme cela a l’air simple ! Eh bien non, les réalités humaines ne le sont jamais. La réalisation d’une telle faribole policière encore moins. Encore faut-il désormais éviter que sévisse à nouveau l’incertitude lamentable des tribulations comme celles des bateaux Aquarius et Diciotti, cet été.

Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, a appelé les pays qui n’accueillaient pas de migrants chez eux… à le faire. Eh bien, ils ne le feront pas. On parie ? Le problème global tient à ce que les pays méditerranéens, grands points d’arrivée des migrants africains, veulent partager les arrivants entre tous les pays européens – mais voilà : les pays d’Europe centrale les refusent catégoriquement. On a vu aussi l’incroyable hypocrisie de la France, dont le dirigeant va jusqu’à insulter les Italiens, alors même que la France est l’un des pays qui ont accueilli le plus petit nombre de ces êtres humains en précarité absolue. Fi donc !

On s’attend , bien évidemment, à une entente sur le plus petit dénominateur commun. A savoir sur les aspects répressifs du dossier. Intensification des expulsions, pression grandement accrue sur les pays d’origine et de transit, et renforcement des frontières extérieures ainsi que de FRONTEX, l’agence européenne de garde-frontières.

Les dirigeants européens se quitteront bientôt, on le sent, avec la satisfaction de s être fort bien entendus sur ces expédients répressifs. Quoi d’autre ? Rien, ou presque.

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