Spécial Cannes : Leila et ses frères de Saeed Roustaee

Esther Heboyan a vu pour vous « Leila et ses frères », l'histoire d'une famille en crise à la mode iranienne

Leila et ses frères - il ne fait pas bon vivre à Téhéran quand on est pauvre... Foto: Amirhossein Shojaei / Festival de Cannes

EJ CANNES 2022 klein(Cannes, Esther Heboyan) – Leila et ses frères du jeune réalisateur iranien Saeed Roustaee, dont c’est le troisième long-métrage et la première compétition à Cannes, raconte l’histoire d’une famille de condition modeste qui vit à Téhéran. Le film commence par une séquence intimiste du patriarche Esmail (magnifiquement campé par Saeed Poursamimi) recroquevillé dans son fauteuil. La séquence suivante se passe dans une usine où les ouvriers sont brutalement appelés à quitter leur poste : l’un des fils, Alireza (Navid Mohammad Zadeh), doit retourner à Téhéran. Crise économique, révolte des salariés, chômage, inflation – il ne fait pas bon vivre en Iran lorsqu’on est pauvre. Les quatre fils d’Esmail (aux parcours variés) et sa fille Leila (40 ans, non mariée), s’accommodent du quotidien auprès des parents. Tandis qu’Esmail, au nom de la tradition et au prix de quarante pièces d’or, aspire à devenir le parrain de sa famille élargie, les enfants, eux, réfléchissent à des moyens de gagner de l’argent, quitte à contrarier les plans du père, voire à l’humilier.

Il revient à Leila (Taraneh Allidousti lumineuse) la responsabilité de sortir sa fratrie de la misère en leur conseillant l’achat d’une boutique dans un centre commercial, en fait les murs des toilettes publiques. C’est Leila aussi qui déclare avec hardiesse que les convictions inculquées empêchent la réflexion. Leila est enfin celle qui va commettre le plus grand affront : gifler le père menteur, manipulateur. Famille signifiant dissensions et heurts, affection et solidarité, Saeed Roustaee dissèque le fonctionnement du clan avec humour, tendresse et cruauté. Par moments, cette version iranienne de la famille fait songer à la version américaine vue dans Armageddon Time de James Gray, un film esthétiquement plus abouti.

Car le film de Roustaee peine à démarrer. Et une fois le récit lancé, le film traîne en longueur. Pourtant, on rit, on découvre des plans époustouflants, on adhère à la mise en scène, on aime le jeu des interprètes. Mais on s’ennuie aussi. Trop de dialogues, trop d’épisodes finissent par lasser. C’est dommage car Saeed Roustaee maîtrise son art. Un montage plus serré aurait été bénéfique.

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