Tibor Navracsics devrait intervenir contre la Hongrie

Quelques heures après le vote du Parlement Européen pour la nouvelle Commission Européenne, on peut déjà voir les conséquences des erreurs de casting.

Internet risque fort de devenir un luxe en Hongrie. Le nouveau commissaire des droits des citoyens ne bougera pas le petit doigt. Foto: cawi2001 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.5

(KL) – La Hongrie vient d‘annoncer vouloir taxer les téléchargements du Internet. Cette nouvelle taxe risque de limiter la libre utilisation d‘Internet par les citoyens hongrois, puisque les prestataires Internet répercuteront sans doute cette taxe sur les utilisateurs. Pour qui l‘outil démocratique deviendra cher. Voilà le premier cas qui devrait interpeller le nouveau commissaire pour la culture, la jeunesse, la formation et surtout des droits citoyens Tibor Navracsics, lui-même membre du Fidesz, parti ultranationaliste au pouvoir en Hongrie. Quelle idée aussi de nommer un commissaire pour un portefeuille que les députés européens lui avait refusé par un vote !

La «taxe de téléchargement» devrait s‘élever à 50 cents (150 forint = 0,49 €) par Gigaoctet, un montant qui frappe ceux qui utilisent Internet régulièrement. Pendant que d‘autres pays songent à la gratuité d‘Internet (par exemple dans les pays baltiques), la Hongrie choisit la même voie qu‘elle a déjà emprunté pour le dossier de la liberté de la presse. En menaçant les médias indépendants (déjà, il y en a pas beaucoup en Hongrie) de lourdes peines financières en cas de publication de contenus qui dérangeraient le pouvoir en place, la Hongrie de Victor Orban et de son fidèle Tibor Navracsics coupe court à la liberté des citoyens. Théoriquement, le nouveau commissaire responsable de la sauvegarde des droits des citoyens Navracsics devrait intervenir contre son pays, contre son parti et contre son patron. Et dire que Juncker est fier de son équipe…

Dans le budget 2015 présenté mardi au Parlement hongrois, on retrouve déjà une recette programmé de 65 millions d‘euros provenant de cette nouvelle taxe – comme c‘est la coutume en Hongrie où les ultranationalistes disposent d‘une majorité écrasante au Parlement, personne ne pourra contester cette décision. De nos jours, la démocratie hongroise a cédé la place à une sorte de règne personnalisé et Victor Orban en abuse à volonté.

Mais ces 65 millions d‘euros ne représentent qu‘une estimation. Des experts hongrois pensent que la somme pourrait tout autant se situer à plus de 600 millions d‘euros, ce qui explique la crainte des utilisateurs. Si le gouvernement s‘est dépêché de déclarer vouloir introduire un montant maximum, il se pourrait que l‘utilisation d‘Internet devienne un luxe en Hongrie. Ce qui, une nouvelle fois, constitue une menace pour les droits des citoyens. Est-ce que Tibor Navracsics osera adopter le même point de vue ?

Vous vous souvenez de la campagne en amont des élections européennes ? On nous avait parlé de «l‘Europe des citoyens», de plus de démocratie, du poids des citoyens dans une Europe qui se voulait plus proche de ses 500 millions de citoyens. Maintenant que les postes au Parlement Européen et à la Commission sont finalement distribués, on retourne à «l‘Europe des administrations, de la politique de des lobbys» – pour les citoyens, cela veut dire «circulez, il n‘y a rien à voir».

Bien entendu, Tibor Navracsics n‘interviendra pas en Hongrie pour stopper les plans du gouvernement. Après tout, une fois son mandat européen terminé, l‘homme aura envie de rentrer chez lui.

Dommage que le Parlement Européen n‘ait pas eu le courage de renvoyer l‘équipe de Juncker – les eurodéputés auraient eu l‘occasion de montrer qu‘ils agissent dans l‘intérêt de ceux qui avaient voté pour eux, au lieu de se conformer aussi vite au diktat bruxellois, aux intérêts des marchés financiers et des groupes de lobbys.

Les institutions européennes prennent le même chemin que l‘Eglise catholique. Les idées sont excellentes, mais le personnel à terre n‘est pas à la hauteur… Ainsi, on programme la défection des citoyens européens qui n‘ont que peu de raisons pour faire confiance en des dirigeants pour le moins étranges.

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