Too big to fail ?

La Deutsche Bank enregistre des pertes pharaoniques. Et on prend les paris – à la fin, ce sera le contribuable qui paiera l’ardoise, comme d’habitude. Mais ce système ne pourra pas perdurer.

La Deutsche Bank enregistre des pertes pharaoniques. Et on prend les paris – à la fin, ce sera le contribuable qui paiera l’ardoise, comme d’habitude. Mais ce système ne pourra pas perdurer. Foto: © Raimond Spekking / CC-BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons

(KL) – « Qu’est-ce qui constitue le plus grand crime – dévaliser ou fonder une banque ? », se demandait déjà l’auteur allemand Bertolt Brecht. La Deutsche Bank vient d’annoncer une perte de 3,1 milliards d’euros – et ces pertes, comme toujours, seront épongées par le contribuable, car depuis l’époque de Bertolt Brecht, rien n’a changé : on privatise les bénéfices et on socialise les pertes. Le système bancaire est construit sur ce leitmotiv. Il est temps de revoir tout le système banquier et boursier qui lui, cause des dégâts considérables.

« Les marchés sont nerveux », peut-on souvent entendre aux informations. Et les « marchés » ont raison de l’être, car ils représentent un anachronisme onéreux au service du Grand Capital, tout en rendant les citoyens et citoyennes exsangues. Tout le fonctionnement des banques et des « marchés » est à revoir, car ces institutions ne travaillent pas dans l’intérêt du « bien commun », mais uniquement dans l’intérêt de leurs actionnaires. Il serait temps de réfléchir si l’Etat ne prend pas le contrôle des banques pour assurer que les établissements bancaires se mettent à travailler autrement.

On sait que les banques encaissent des frais énormes, surtout de la part des gens auxquels elles refusent même l’ouverture d’un compte. Malgré une obligation légale (toute personne a droit à un compte bancaire), les banques allemandes refusent l’ouverture d’un compte à quelques 600 000 personnes. Ces personnes, toutes bénéficiaires des aides sociales (Hartz IV) doivent donc régler tous les frais de leur vie par des virements en espèces. Seul problème – chacun de ces virements coûte 15 € ! Donc, une personne bénéficiaire d’aides sociales doit, au début du mois, débourser déjà 45 € de frais bancaires pour régler les choses incompressibles (loyer, électricité, téléphone). A défaut de disposer d’un compte, les personnes concernées n’ont d’autres choix que de payer ces frais totalement démesurés. Pire, une étude a montré que ces 600 000 personnes les plus démunies paient plus de frais bancaires que tout le reste de la population. Etre pauvre, ça se paye cher.

De plus en plus de banques résilient les comptes individuels (trop de travail, pas assez de gain) et se concentrent sur la partie « casino » du monde financier, « l’investment banking », comprendre : la spéculation. Tant que les spéculations boursières apportent des bénéfices, tout le monde est content et les actionnaires partagent les bénéfices. En cas de mauvais placement (ce qui se produit de plus en plus souvent), les banques font appel aux institutions publiques pour se laisser sauver à coups de milliards et de milliards. Les 3,1 milliards d’€ de pertes de la Deutsche Bank au seul 2e trimestre 2019 seraient dues à la « restructuration » de la banque. Cette restructuration comprend : 18 000 licenciements et une réorganisation du domaine « Investment Banking », tiens donc. On remplace les hommes et les femmes par de nouveaux ordinateurs.

Le marché boursier, lui, fonctionne aujourd’hui en mode « transaction » à 99% de manière automatisé. Des ordinateurs surpuissants scannent les cours des actions dans toutes les bourses du monde et effectuent des opérations éclair dès qu’une opportunité se présente quelque part. L’intervention humaine est réduite au stricte minimum et on a déjà pu constater à plusieurs reprises ce qui se passe lors d’une défaillance technique – les « marchés » déraillent à ce moment-là.

Les banques devraient être traitées comme toute entreprise. Une entreprise qui enregistre en un seul trimestre des pertes de 3,1 milliards d’euros, ne devrait pas être sauvée par de l’argent public. Pas de « parachute doré » pour ceux qui sont responsables de ce désastre économique, et les mêmes règles comme pour toute entreprise en difficultés.

L’Union Européenne devra intervenir et déclencher une refonte totale du système financier en Europe. Mais considérant que dans les institutions européennes, on trouve surtout de fidèles agents de ces « marchés », il est difficile d’imaginer que les responsables européens aient le courage de s’attaquer à ce dossier. Pourtant, le système bancaire pèse lourdement sur l’économie européenne, coûte un « pognon de dingue » et se comporte de manière asociale. Mais tant que circulent de grosses enveloppes dans les étages feutrés de ces banques, il y a de fortes chances que tout reste en l’état. Jusqu’au « Big Bang »…

1 Kommentar zu Too big to fail ?

  1. Henri MATHIAN // 31. Juli 2019 um 18:55 // Antworten

    Entre les règles prudentielles qui leurs sont imposées et les taux négatifs qui amenuisent leurs marges et ne permettent plus de mesurer le risque, le système bancaire européen entre dans une impasse avec une très faible valorisation boursière, malgré la compétence et l’indépendance de Mario Draghi. Les banques vont devoir réduire leurs coûts, adapter leurs réseaux, investir dans le numérique et les systèmes quantiques, se diversifier pour lutter contre l’arrivée de systèmes de paiement basés sur les block chains … Madame LAGARDE va devoir faire preuve de beaucoup de créativité pour faire face au risque italien (miniBOTs) et au solde abyssal de Target2 dans un contexte de faible croissance !

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