Tous les espoirs sont encore permis…

Investissements étrangers : malgré la crise, la France attire encore. Alain Howiller explique les détails !

L'implantation de Würth à Erstein (sur la photo, le musée du même nom) n'est qu'un exemple d'un investissement étranger réussi dans le Grand Est... Foto: MuséeWürth / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Alain Howiller) – Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, a beau affirmer « qu’il ne faut pas faire de catastrophisme », les bonnes nouvelles se font plutôt rares en matière d’économie. Alors, saluons le fait que les entrepreneurs étrangers aient réussis à créer près de 35.000 emplois en 2020, grâce à la concrétisation de 1.215 projets d’investissements. En d’autres temps, on ne se serait, sans doute, guère attardé sur ces chiffres, mais crise sanitaire oblige, même les petites pépites viennent, aujourd’hui, enrichir le trésor national ! Et cela d’autant plus que d’après les calculs des spécialistes de l’ONU, le flux d’investissements dans le monde a diminué de… 40% l’année dernière par rapport à 2019 !

En tenant compte de ce ralentissement, le fait que les investissements étrangers en France n’aient diminué, eux, que de 17% en 2020 (-253 implantations !), vient de susciter une relative sérénité chez Frank Riester, Ministre Délégué chargé du Commerce Extérieur et de l’Attractivité et chez les responsables de « Business France », la structure chargée d’accompagner les entreprises. Pour justifier leur  approche, ils rappellent que, sur le plan des emplois créés, les résultats de 2020, liés à la crise, sont certes en retrait de 13% par rapport à 2019, mais ils s’inscrivent en progrès de 14% par rapport à 2018. Et de rappeler que 80% des entreprises étrangères installées en France ont prévu de créer et de maintenir des emplois, alors que, selon un sondage mené par les analystes de Kandar auprès de 200 de leurs cadres, 85% d’entre eux considèrent que la France reste attractive.

L’Allemagne deuxième derrière les USA. – Les Etats-Unis, suivis de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne et de l’Italie, sont en tête des investisseurs étrangers sur le territoire français. Dans le contexte actuel qui voit surgir quelques tensions entre Paris et Berlin, il n’est sans doute pas inutile de rappeler qu’un rapport de la Chambre de Commerce franco-allemande et du cabinet « E.Y. » avait souligné, en octobre dernier, que la France, où ils emploient plus de 330.000 salariés, restait la destination préférée des investisseurs allemands.(1)

Profitant du bilan dressé par « Business France », la Région Grand Est rappelle que « plus de 2.150 entreprises à capitaux étrangers y emploient 123.000 salariés, soit une des plus fortes concentrations nationales. Les entreprises de la sphère germanophone, en particulier, en ont fait leur terre d’accueil prioritaire, mais les Nord-Américains, Belges, Scandinaves y sont également fortement représentés, contribuant massivement à l’effort de « R&D », aux investissements et à l’exportation de la région. »

Quand le « Grand Est » fait mieux que le « national ». – Et de commenter les chiffres nationaux : « Alors que la crise sanitaire impactait fortement les flux… le Grand Est se démarque de la tendance nationale avec un nombre de projets stable (104 projets recensés, tout comme en 2019) et surtout, une forte croissance des emplois générés à terme -  à 4.261 contre 3.120, soit une croissance de plus de 30%… ».

On observe plus particulièrement deux tendances à travers ces données que la Région Grand Est commente ainsi pour ce qui est de la première tendance : « Avec 47 implantations nouvelles, la confirmation de l’attractivité du territoire comme ‘porte d’entrée’ du marché français pour les industriels européens ou du marché européen pour les acteurs nord-américains ou asiatiques. » A propos de la deuxième tendance, la région remarque qu’elle apporte « la confirmation de la vocation manufacturière du Grand Est avec 43% des projets recensés relevant de la production, contre 25% en moyenne nationale – ou encore, 15% des projets français. »

Les risques du « Choose France ». – Dans une précédente étude conduite par l’INSEE et le Conseil Economique, Social et Environnemental Régional – CESER du Grand Est, il avait déjà été relevé que l’internationalisation de l’économie régionale s’intensifiait, malgré la désindustrialisation. Le mouvement met le Grand Est à la troisième place sur le podium des régions accueillant le plus d’investisseurs étrangers, les deux premières places étant occupées par l’Ile de France et les Hauts de France. L’étude avait également souligné que l’internationalisation, accentuée par la position frontalière du Grand Est, était une bonne chose pour l’emploi, mais comportait un risque : celui de voir de plus en plus de centres de décisions échapper à la région.

Un risque également valable sur le plan national, mais assumé -situation de l’emploi oblige!- au moment où Emmanuel Macron recevant, dans le cadre de son programme de… séduction « Choose France », une centaine de chefs d’entreprises étrangères, a annoncé la création de la structure « Team France Invest » pour mieux accueillir les investissements, avec cette précision apportée par Frank Riester : « Venir chez nous, ce n’est pas forcément racheter nos entreprises. C’est aussi venir investir dans de nouvelles structures, usines, services. »

(1) Voir eurojournalist.eu du 20 Octobre 2020.

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