Tout le monde vise la deuxième place…

La politique allemande est étrange. En dehors de la CDU d’Angela Merkel, on dirait qu’aucun autre parti n’a envie de gouverner. Pourquoi participer aux élections, alors ?

Viser une médaille d'argent dans un concours d'oenologie, c'est bien. Mais en politique ?! Foto: Marianne Casamance / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Le phénomène ne date pas d’hier, les partis politiques allemands n’ont visiblement pas envie de gouverner. On ne vise pas la première place et le pouvoir, mais on se contente du podium, à condition de ne pas devoir porter une quelconque responsabilité gouvernementale. Mais si ce n’est pas pour faire de la politique et réaliser des projets, pourquoi se présenter aux élections alors ?

Déjà en 2013, les partis de la gauche allemande se sont passés du pouvoir. Disposant d’une majorité au Bundestag, le SPD, Die Linke et les Verts avaient alors préféré se mettre d’accord pour laisser le pouvoir à la CDU d’Angela Merkel, portée non seulement par son propre parti, mais également par le SPD.

En 2017, c’est encore pire. Le soir des élections du 24 septembre, le candidat Martin Schulz (SPD) avait annoncé que son parti allait se refaire une santé dans l’opposition. Après cinq semaines de négociations, le FDP (parti libéral-démocrate) a claqué la porte en se rangeant également du côté de l’opposition, où se trouve déjà l’extrême-droite de l’AfD qui ne veut pas gouverner non plus.

Mais n’est-ce pas le propre d’un parti politique que de proposer des projets politiques et d’essayer d’obtenir une majorité permettant la mise en œuvre de ce projet ? Depuis quand est-ce que l’on vise la deuxième place dans la politique, depuis quand les partis se contentent-ils de critiquer les autres depuis leur siège d’opposition ? Est-ce un manque de courage, de perspectives, d’idées politiques ?

On a rarement vu la vraie nature de la politique en Allemagne : l’avenir du pays, le social ou l’Europe – bref, la politique au sens propre du terme – deviennent secondaires. Ce qui compte, c’est de maintenir la machine à emplois pour députés, assistants parlementaires et tout le staff des partis.

Maintenant que personne ne veut assumer la responsabilité gouvernementale, le SPD a changé sa position en l’espace de quelques heures. En bons opportunistes, les cadres du SPD sont passés du « non, on ne participera pas au prochain gouvernement », au « peut-être, il faut voir », puis à un « oui, on va discuter des conditions ». Un signal clair que le SPD et la CDU dirigeront à nouveau l’Allemagne.

Pour les électeurs, cette évolution est perturbante pour les électeurs, car la politique n’est pas le PMU où on peut jouer gagnant ou placé. On ne veut pas voter pour un parti qui ne vise que la deuxième place, celle qui ne permet pas de réaliser un projet politique. Ce manque d’ambition des partis dénote une nouvelle fois leur peu de respect vis-à-vis du peuple. Cette attitude profite aux formations extrémistes, tandis que les partis traditionnels continuent à fermer les yeux devant les réalités. Ils ne comprendront que lorsqu’ils toucheront le fond, ce qui ne saurait tarder.

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