Tout va bien dans le meilleur des mondes ?

Hier, à Strasbourg, tout le monde était très "Europe" et très "Strasbourg"... Foto: Marine Dumény / CC-BY-SA 4.0int

(MD/KL) – Le 9 mai 2021 est à cocher en rouge sur le calendrier strasbourgeois – pour la première fois depuis longtemps, l’Europe regardait hier à Strasbourg et non pas à Bruxelles, comme c’était le cas les 14 derniers mois. Si le plaisir n’était que de courte durée, le lancement de la « Conférence sur l’avenir de l’Europe » peut donner un peu d’espoir en un avenir européen meilleur, plus strasbourgeois et davantage citoyen.

A entendre le Président Macron hier à Strasbourg, on pourrait avoir l’impression qu’à Strasbourg, on s’excite pour rien. Concernant les séances du Parlement Européen à Strasbourg, Macron a estimé « qu’ils sont amenés à y revenir ». Et il entend lancer le renouveau européen depuis Strasbourg, dont le rôle de capitale européenne doit donc être renforcé. Entre autres, par la « Conférence sur l’avenir européen » qui permettra aux citoyens et citoyennes européens de s’exprimer, de dire comment ils et elles voient l’avenir continental, quelles devraient être les grandes orientations de la politique européenne.

Le Président Macron a souligné la « nécessité de continuité du débat démocratique en Europe » et il faut espérer que cette nouvelle grande consultation des citoyens et citoyennes européens (durée un an) ne se déroule pas comme les « Grands Débats » en France auxquels des millions de personnes avaient participé et qui n’ont jamais abouti, ne serait-ce qu’à la rédaction d’un rapport final contenant les propositions faites par les citoyens. Il ne faut surtout pas que cette consultation à l’échelle européenne prenne le même chemin que de nombreuses autres consultations. Si cette fois, les participants devraient avoir l’impression de servir comme « alibi » pour une fausse proximité avec les citoyens, cela porterait un coup grave à la crédibilité européenne. Si, par contre, cette consultation se traduisait par de vraies mesures, un vrai changement de l’orientation européenne, cela pourrait être le début de quelque chose de très intéressant. Il ne faut donc pas s’arrêter sur les couacs passés dans ce « dialogue nécessaire », mais donner encore une fois une chance au monde politique de respecter les souhaits des 500 millions européens et européennes qui aspirent à autre chose que « l’Europe des Lobbys » bruxellois. Donc, la participation à cette consultation est vivement conseillée…

Hier, tout le monde était très européen et très Strasbourg, mais cela n’est pas vraiment surprenant. Il est évident qu’à une telle occasion, les institutions européennes rassemblées à Strasbourg, ne s’expriment que de manière élogieuse au sujet de Strasbourg.

Ce ne sont pas les bonnes intentions qui manquent à l’Europe, mais un règlement interne basé sur autre chose que la règle de l’unanimité – depuis des années, les institutions européennes bruxelloises s’auto-paralysent dans cette règle d’unanimité et comptent donc souvent aux abonnés absents lorsqu’il faudrait affirmer l’Europe et ce que le Président Macron a désigné comme « l’identité européenne ».

On verra ces prochains temps si le siège du Parlement Européen à Strasbourg sera vraiment confirmé, on verra ces prochains temps si cette « Conférence sur l’avenir de l’Europe » génère des résultats. Quoi qu’il en soit, Strasbourg a dignement fêté la « Fête de l’Europe ». En entendant beaucoup de discours censés rassurer Strasbourg et les Strasbourgeois. Avec comme plus belle citation celle du Président Macron du jour : « Tous les pays qui n’ont plus de légende, seront condamnés à mourir de froid ». Habillons-nous chaudement alors…