UE – Turquie : rien ne fonctionne

Le deal entre l’UE et la Turquie concernant les réfugiés se situe déjà à la limite de ce que l’on pourrait qualifier d’éthique. Et en plus, il ne fonctionne pas. Pourquoi ne pas l’arrêter ?

Ces réfugiés syriens et irakiens arrivant à la côte grecque, seraient des "illégaux". Et susceptible d'être renvoyés en Turquie. Mais le "deal" avec Erdogan ne fonctionne pas. Heureusement. Foto: Ggia / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Elle était fière, l’Union Européenne. Sous la pression de la chancelière allemande Angela Merkel, l’UE avait conclu un accord avec la Turquie de Recep Tayyip Erdogan qui prévoyait que la Turquie accepte le renvoi de réfugiés ayant gagné « illégalement » le territoire de l’Union, pour envoyer de son côté un réfugié « légal » vers l’Europe. Pour ce faire, l’UE s’était engagée à verser des milliards d’euros au régime d’Erdogan, dans l’espoir de pouvoir « troquer » tous les ans jusqu’à 72.000 réfugiés « légaux » contre le même nombre de réfugiés « illégaux ». Pendant les 9 premiers mois de cet accord, seulement 801 réfugiés « illégaux » ont ainsi été renvoyés en Turquie.

L’accord entre l’UE et la Turquie pose de nombreux problèmes. Déjà la distinction entre réfugiés « légaux » et « illégaux » constitue un vrai cynisme à un moment où il n’existe aucun « corridor sûr » permettant aux réfugiés d’arriver sain et sauf en Europe pour y déposer une demande d’asile. Donc, quelque part, la définition de la légalité d’un réfugié est assez arbitraire.

Outre la difficulté politique et morale de coopérer avec le système totalitaire mis en place par le président-dictateur Erdogan, force est de constater que le « deal » ne fonctionne pas. 801 réfugiés ainsi « blanchis », c’est la preuve que l’objectif de cet accord n’est pas atteint. Surtout dans la mesure où l’objectif avancé par les partenaires, à savoir assécher le fonds de commerce des passeurs d’hommes, a été contrecarré par la fermeture de la « route des Balkans » – cette fermeture avait fortement stimulé les affaires des passeurs d’hommes, en augmentant le nombre de personnes noyés lors de la traversée de la Méditerranée.

Considérant la transformation de la Turquie en un état totalitaire, considérant que l’accord passé entre l’UE et la Turquie est à la fois scandaleux par son contenu et qu’il ne fonctionne pas de toute manière, il serait peut-être temps de tout simplement l’annuler. Stopper cet accord honteux donnerait aussi un peu plus de liberté aux Européens pour mettre une certaine pression crédible sur le président-dictateur Erdogan qui continue ses « purifications », qui continue à emprisonner artistes, journalistes, opposants politiques, qui continue à perfectionner un système de la peur.

La Turquie d’Erdogan s’est mis hors-jeu vis-à-vis de l’Europe. A l’Europe d’en tirer les conséquences et de stopper cet accord honteux. Commercer avec et soutenir financièrement des dictateurs n’est jamais une bonne chose. Après Ghaddafi, Saddam Hussein et Bachir al-Assad, on devrait le savoir.

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