Ukraine – les Allemands n’y croient plus

Une étude de l'Institut Démoscopique d'Allensbach (IfD) montre que 9 Allemands sur 10 ne croient plus en une victoire de l'Ukraine dans la guerre déclenchée par la Russie.

La guerre en Ukraine ne connaîtra pas de vainqueur, mais que des victimes. Foto: Tatyana Tkachuk / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – L’étude de « l’Institut für Demoskopie Allensbach » (IfD) donne à réfléchir. La guerre en Ukraine qui dure depuis bientôt 2 ans, ne pourra pas se décider sur le champ de bataille, du moins, c’est ce que 90% des Allemands pensent selon cette étude. Mais si cette guerre ne peut pas se décider sur le champ de bataille, il faudrait peut-être se mettre à la table des négociations, au lieu de continuer à faire en sorte à ce qu’elle dure éternellement ?

En parallèle, comme le montre aussi cette étude, la confiance des Allemands en leur « grand frère », les Etats-Unis, fond comme de la neige au soleil. Déjà 39% de la population estiment que les Etats-Unis ne sont plus un partenaire fiable et qu’une réélection de Donald Trump risque de diminuer cette confiance encore davantage.

Mais qu’est-ce qu’il faut faire alors ? Continuer à livrer des armes et des milliards à l’Ukraine ? Prolonger cette guerre ad eternam ? Le problème est que les deux côtés ne veulent pas négocier, et la dimension économique joue un rôle de plus en plus important. La Russie, les Etats-Unis et quelques pays européens ont lancé une « économie de guerre », comprendre, une concentration de l’économie sur la fabrication d’armes. Pour que cette « économie de guerre » puisse fonctionner, il faut que la guerre continue, pour pouvoir écouler les armes produites.

Les combats s’étendent de plus en plus, la Russie bombarde l’intégralité du territoire ukrainien, tandis que l’Ukraine multiplie ses attaques sur le territoire russe. Mais jusqu’où ira cette escalade, alimentée par les armes russes, nord-coréennes, chinoises et iraniennes d’un côté, et des armes européennes et américaine de l’autre ? Il y a beaucoup trop de pays qui, par le biais de leur production d’armes, profitent de cette guerre qui a déjà coûté la vie à des centaines de milliers de personnes.

Pourtant, autant la Russie que l’Ukraine émettent des conditions irréalistes pour lancer des négociations. Si l’Ukraine n’accepte pas de reconnaître l’annexion de ses régions à l’est du pays et de la Crimée, la Russie n’acceptera pas la condition ukrainienne de retirer l’intégralité de ses troupes, avant de pouvoir parler de solutions.

Mais la « Kriegsmüdigkeit », la « fatigue de la guerre » se répand de plus en plus. Le monde entier souffre des conséquences de cette guerre et il suffit de regarder ce qu’il se passe au front ukrainien pour comprendre que personne ne gagnera cette guerre. Pourquoi la poursuivre, alors ? Pour que les producteurs d’armes du monde puissent continuer à faire de bonnes affaires ?

Les sanctions prononcées contre la Russie sont contournées par ceux qui les ont décidées, le bloc des états BRICS se tient fermement derrière la Russie et tant que la communauté internationale n’exerce pas une pression maximale sur les deux côtés, les négociations n’auront pas lieu.

La tentative ukrainienne de convaincre la Chine d’adopter son « plan de paix », n’aboutiront à rien et il faut arrêter de penser que la Chine agira contre les intérêts de ses alliés pour arranger la situation pour l’Occident. Il conviendrait de revenir sur le plan de paix soumis par l’Italie (et immédiatement rejeté autant par Kiev que par Moscou). Ce plan prévoit une démilitarisation de l’est de l’Ukraine, le stationnement de casques bleus dans cette zone, la neutralité de l’Ukraine et l’entame de négociations.

Mais tant qu’il y a tellement de structures qui se remplissent les poches sur le dos de cette guerre, rien ne changera. Mais le nombre de personnes qui ne croit plus en la propagande des deux côtés, augmente chaque jour. Si seulement 1 Allemand sur 10 estime que l’Ukraine puisse encore gagner cette guerre, il est à prévoir qu’un moment donné, ces mêmes Allemands poseront la question pourquoi il faut la financer. Et les Allemands ne sont pas les seuls à se poser la question à quoi ça sert de financer une guerre aux deux belligérants. Si personne ne remet en question l’aide humanitaire aux victimes de cette guerre, la première question à poser ne concerne pas les nouveaux systèmes d’armes à livrer, mais plutôt comment arrêter ce carnage. Si déjà les Russes et les Ukrainiens ne se posent pas cette question, la communauté internationale devrait la poser et isoler les deux belligérants jusqu’à ce qu’ils se mettent à la table des négociations.

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