Un tiers des Etats membres de l’UE refuse la solidarité

Le sommet bruxellois l'a clairement montré : une Europe qui fonctionne selon le principe de l'unanimité n'a aucune chance de survie. Il faudra réformer avant que l'UE ne se désintègre totalement.

Les "Frugal 4 + 1" sont en train d'enterrer l'idée d'une Europe solidaire. Combien de temps seront-nous encore à 27 dans l'UE ? Foto: (c) European Union 2020

(KL) – Un tiers des pays faisant partie de l’Union Européenne refuse la solidarité pour des raisons variées. Les uns, plus précisément les « Frugal 4 » (« les 4 radins »), devenus 5 suite à l’adhésion finlandaise à ce groupe informel, veulent garder leurs sous et limiter la partie non remboursable des 700 milliards d’euros que l’UE à 390 milliards d’euros plus 310 milliards d’euros sous forme de crédits (Proposition de compromis de Charles Michel tard hier soir). Nous nous sommes éloignés des 750 milliards d’euros (dont 500 milliards sous forme de subvention non-remboursable) que l’UE voulait mobiliser comme aide aux pays les plus touchés par le coronavirus. Les autres, en première ligne les « Etats de Visegrad », refusent que des aides soient attribuées en fonction du respect de l’Etat de droit. Sachant que l’Union Européenne a ouvert des procédures contre la Hongrie et la Pologne pour « non-respect des règles démocratiques » de l’Union, cela veut dire que les deux pays souhaitent un chèque en blanc pour les violations de ces règles démocratiques à venir. Combien de temps l’Europe subira-t-elle encore le diktat de petits Etats membres qui, à cause du principe de l’unanimité, ont le pouvoir de saboter les aides pour l’Italie, l’Espagne ou la Grèce ? L’Union Européenne est en train de se ridiculiser – et pourtant, on a l’impression que personne n’ose s’attaquer au mode de fonctionnement des institutions européennes.

Un tiers des pays européens qui ne veulent plus se comporter de manière européenne – l’Autriche, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède, la Finlande, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la République Tchèque n’ont cure du destin des autres pays européens ; et dans d’autres pays, comme l’Italie, l’adhésion de la population à l’idée européenne est au plus bas niveau jamais enregistré : plus de 70% des Italiens peuvent envisager un « Italxit » à l’instar du « Brexit », même si la sortie de l’UE a catapulté la Grande Bretagne dans une crise sans précédent. Mais que feront les 19 Etats membres européens qui eux, souhaitent continuer sur la voie de la solidarité européenne ?

C’est le règlement interne des institutions européennes qui coince. Trop d’institutions, des modes de fonctionnement que seuls les spécialistes comprennent encore, une paralysie généralisée à cause du principe de l’unanimité : si l’UE continue ainsi, il ne faudra pas s’étonner de voir quitter les Etats membres les uns après les autres.

Deux des trois institutions européennes, la Commission Européenne et le Conseil Européen, travaillent derrière des portes fermées. Une seule, le Parlement Européen, représente les citoyens et citoyennes européens. Cela n’a plus grand chose à voir avec la « démocratie européenne » qui exclut d’office la voix des 500 millions d’Européens et d’Européennes dans les deux institutions les plus puissantes. Le décisions que prennent ces institutions ont de moins en moins un quelconque rapport avec ce que souhaitent les citoyens et citoyennes.

Le sommet du week-end nous l’a montré une fois de plus : dans son format actuel, l’Union Européenne n’est autre qu’une machine à communiquer, sans véritable pouvoir. Un tigre sans dents, en quelque sorte. Une organisation où des pays représentant 10% de la population européenne peuvent décider qui dans le sud de l’Europe peut survivre, et qui non. Ce mode de fonctionnement est inacceptable et doit être changé le plus rapidement possible. Sous peine de ne plus voir d’Union Européenne dans quelques années…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste