Un triste anniversaire

Charles de Gaulle et Konrad Adenauer lors de la signature du Traité de l'Elysée. Foto: Bundesarchiv, Bild-P106816 / Inconnuwikidata:Q4233718 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Ils n’avaient pas la tâche facile, ces deux grands visionnaires européens qui furent le Général de Gaulle et le chancelier allemand Konrad Adenauer en 1963. Leurs deux gouvernements et parlements n’était pas du tout favorables à cet accord entre les deux pays qui était censé mettre un terme définitif à la période d’après-guerre et qui se voulait le point de départ d’une nouvelle coopération entre les deux pays.

54 ans plus tard, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer auraient les larmes aux yeux en voyant ce que leurs successeurs ont fait de l’esprit de ce Traité de l’Elysée – le « franco-allemand », au lieu d’être le « moteur de l’Europe », est devenu quelque chose de théorique, un terme évoqué autour de buffets huppés, une expression dépourvue de contenu. Les responsables des deux pays sont en train d’échouer lamentablement dans leur mission de faire de l’Allemagne et de la France ne noyau d’une nouvelle Europe.

Certes, de nombreuses initiatives contredisent ce triste constat, en première ligne la région Sarre-Lorraine où le Premier Ministre de la Sarre, Annegret Kramp-Karrenbauer, met en œuvre sa « Stratégie France » qui elle, constitue le projet franco-allemand le plus ambitieux depuis les jours d’un Charles de Gaulle et d’un Konrad Adenauer. Certes, de nombreux projets transfrontaliers sont menés un peu partout dans la grande région frontalière entre les deux pays, mais ce, non pas grâce à une bonne entente entre les deux gouvernements, mais malgré le manque d’intérêt qu’affichent Paris et Berlin pour cette coopération.

Après les élections cette année en France et en Allemagne, les choses ne risquent pas vraiment de s’améliorer. Si Emmanuel Macron et François Fillon se sont déjà rendus à Berlin pour manifester une nouvelle signification qu’ils comptent attribuer à cette coopération franco-allemande, force est de constater qu’aucun des deux n’avait brillé dans les relations franco-allemandes, dans le cadre de l’exercice de leurs responsabilité au sein de différents gouvernements. Ne parlons pas de l’attitude dévastatrice pour ces relations au niveau du Front National qui lui, est eurohostile et dont la patronne avait déjà ouvertement menacé la chancelière allemande Angela Merkel lors de la visite de cette dernière au Parlement Européen en compagnie de François Hollande.

Mais si la France et l’Allemagne n’arrivent pas à s’accorder sur les principes même du fonctionnement européen, comment l’Europe pourra alors décoller ? Il incombera à la société civile de s’engager pour cette relation franco-allemande sans laquelle un développement positif de l’Europe ne serait pas possible. C’est aux citoyens et citoyennes de mettre le monde politique sous pression pour que celui-ci s’engage enfin réellement dans cette relation. Mais sans une certaine pression bienveillante « d’en-bas », il ne se passera rien… triste 54e anniversaire…