Une explication, non pas une justification

Une prise d'otage qui s'est terminée sans violence à l'aéroport de Hambourg, rappelle une façon de faire des administrations allemandes qui pose souvent problème.

Un cauchemar pour des parents non-allemands - l'omnipuissant "Jugendamt". Foto: Reise Reise / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – D’abord, tout le monde est content que la prise d’otage à l’aéroport de Hambourg se soit terminée sans victimes. Un homme de 35 ans avait forcé un acc-s au tarmac de l’aéroport avec sa voiture et s’était placé sous un avion de la Turkish Airlines. Dans sa voiture, sa fille de 4 ans qu’il avait enlevé suite à une visite parentale à Stade, à environ 100 km de Hambourg. Visiblement, l’homme voulait quitter l’Allemagne par avion en amenant sa fille. Après des heures de négociations, le père-ravisseur avait abandonné et risque maintenant une longue peine de prison. Toutefois, et sans justifier son acte d’une quelconque manière, il convient de regarder comment l’Allemagne, à travers les «  Jugendamt  », gère les situation familiales suite à des séparations des parents dans des couples mixtes – celui qui obtient systématiquement le droit de garde, est le parent allemand. Un problème connu et documenté que l’Allemagne nie depuis de longues années.

A la Commission Européenne à Bruxelles, de centaines de cas sont documentés où des parents non-allemands ont vu leurs droits parentaux lésés par le « Jugendamt », ce service social de la jeunesse omnipuissant qui a même l’autorité d’invalider des jugements des juges familiaux. Aucun des cas documentés à Bruxelles n’a jamais abouti et l’Allemagne continue à nier que ce problème existe. Pourtant, de nombreux articles, films documentaires et conférences ont démontré cette pratique qui ne cherche pas bien et l’intérêt supérieur de l’enfant, mais qui consiste à favoriser systématiquement les parents allemands ou vivant en Allemagne.

Si rien ne peut justifier l’acte de cet homme qui a estimé nécessaire de traumatiser sa fille de 4 ans, cet acte désespéré trouve sa motivation dans cette pratique d’une administration qui dispose d’un pouvoir démesuré – celui de priver des parents non-allemands et leurs enfants des droits parentaux. Aucun recours n’est possible contre les décisions du « Jugendamt » qui favorise donc systématiquement les parents allemands, privant les enfants dans de nombreux cas, de tout contact avec le parent non-allemand.

Les centaines de plaintes déposées à la Commission Européenne a Bruxelles ont déjà donné lieu à des conférences au niveau européen, mais autrement, ces plaintes n’ont pas été traitées. La position de l’Allemagne est que ces cas « ne représentent que quelques douzaines qui tombent malheureusement dans une zone grise de la loi » – mais cette position est fausse. Non seulement, il ne s’agit pas de quelques « douzaines » de cas, mais de centaines et deuxièmement, l’Allemagne est très nerveuse dès lors des médias se penchent sur la question.

Il y a quelques années, la réalisatrice strasbourgeoise Françoise Schöller avait tourné un documentaire sur cette thématique et l’interview avec le président des « Jugendamt » du Bade-Wurtemberg, enregistrée à Stuttgart, racontait presque toute l’histoire. L’entretien était alors surveillé par un haut fonctionnaire berlinois (qui avait préféré ne pas se présenter…) et qui intervenait à chaque fois qu’une question ne lui convenait pas, interdisant au président des « Jugendamt » du Bade-Wurtemberg de répondre à ces questions. Toutefois, les deux insistaient alors qu’il n’y ait aucune directive du gouvernement allemand concernant ces nombreux cas privant des parents non-allemands et leurs enfants d’exercer les droits les plus fondamentaux.

Bien entendu, rien ne peut justifier une prise d’otage et d’exposer son enfant à une situation aussi dangereuse et traumatisante. Mais cela n’enlève pas l’obligation à l’Allemagne de revoir sa copie en ce qui concerne les droits familiaux en cas de séparation de couples mixtes. Il est inconcevable que les parents non-allemands et leurs enfants soient lésés. Il faut donc espérer que d’autres parents désespérés ne « copient » pas le geste de Hambourg, car une telle prise d’otage peut aussi se terminer dans un bain de sang, ce qui, fort heureusement, n’a pas été le cas.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste