Une victoire qui n’en est pas une…

La réforme des retraites étant imposée en ignorant les instances qui représentent le peuple français, le mouvement de protestation sociale n'est pas fini – mais il changera de forme.

Un président qui a perdu la confiance du peuple... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY 2.0

(KL) – Si Laurent Berger (CFDT) s’est exprimé de manière pessimiste en annonçant que « la fin du match est en train de se jouer », le grand Mahatma Gandhi était déjà plus optimiste – « La victoire obtenue par la violence équivaut à une défaite, car elle est momentanée ». En effet, si le nombre de manifestants contre une réforme des retraites déjà entérinée en déjouant toutes les représentations du peuple français, s’est situé en-dessous des 13 autres grandes manifestations depuis le 19 janvier dernier, la colère des Français reste palpable. Toute comme la colère, une colère calme, et d’autant plus menaçante. Les manifestations, partout en France, restaient paisibles, mais il est évident que les protestations ne cesseront pas. Le reste du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron s’annoncent difficile. En particulier, l’année 2024.

Les syndicats ont pris note de la baisse du nombre de manifestants, même si cette baisse s’explique. Non seulement, cette réforme ne peut plus être empêchée, ce qui était l’objectif de ce mouvement ayant mobilisé des millions de Français, mais en plus, les manifestations avaient lieu un mardi et par conséquent, les nombreux jeunes qui avaient participé à de nombreuses manifestations, transpiraient en classe. En plus, en période d’examen… Il ne faut pas non plus oublier la chaleur hier après-midi, et le fait que les gens travaillaient. Dans ces conditions, force est de constater que la mobilisation reste forte et si on comprend que ces manifestations n’aboutiront plus, cela ne veut pas dire que les protestations soient finies.

Côté manifestations, il y a de fortes chances de voir renaître de leur cendres les Gilets Jaunes, dont la situation sociale s’est encore fortement dégradée depuis le début de ce mouvement. En parallèle, les syndicats mèneront des grèves, des actions ponctuelles, des blocages, et – comme on peut déjà l’entendre, les Jeux Olympiques 2024 à Paris pourraient faire l’objet d’actions particulières. Même les mesures de sécurité et de surveillance totale qui sont prévues pour les Jeux ne suffiront pas pour endiguer la colère des syndicats.

Mahatma Gandhi risque une nouvelle fois d’avoir raison. Si aujourd’hui, les Macron, Borne, Dussopt ou Darmanin se félicitent « qu’ils l’ont gobée » [les Français la réforme des retraites, n.d.l.r.], la joie risque d’être de courte durée. Déjà l’élection européenne en 2024 risque de se transformer en Bérézina pour la macronie dont les candidats payeront la note pour le mépris vis-à-vis des Français et de la démocratie.

Pour assurer un bon déroulement des Jeux 2024, il faudrait que Paris agissent comme Pékin en 2008. Surveillance totale, destruction de quartiers d’habitation, éloignement des pauvres, le tout assuré par une force policière énorme. Un spectacle qui fait penser à d’autres manifestations de ce type durant le siècle dernier.

Peut-être Laurent Berger a raison et hier, il s’agissait de la dernière manifestation dans ce format. Qu’ils trinquent dans les salons du pouvoir parisiens, tout en réfléchissant à la phrase de Mahatma Gandhi : « La victoire obtenue par la violence équivaut à une défaite, car elle est momentanée ».

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