Passage en force

Ils l'ont fait. La réforme des retraites, rejetée par 68% des Français, a été imposée par le §49.3. Après l'annonce de la mention de censure échouée, les manifestations ont commencé.

Le passage en force par le 49.3 a du mal à passer... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY 2.0

(KL) – Personne ne peut se dire surpris par les scènes de violences nocturnes hier soir dans les villes de France. La violence avec laquelle le gouvernement, tellement peu sûr de lui qu’il a estimé nécessaire de contourner le parlement, a imposé une réforme dont plus des deux tiers de ses compatriotes ne veulent pas, déclenche logiquement une forte réaction de la rue. Ainsi, les images des manifestations un peu partout en France ne constituent que le début d’une nouvelle vague de violences, auxquelles l’état réagira, lui aussi, par de la violence et l’escalade est programmée.

Lors du débat concernant les motions de censure hier à l’Assemblée Nationale, qui auraient pu stopper cette réforme, faire tomber le gouvernement et apaiser le pays, le spectacle était encore une fois honteux. La démocratie française bat de l’aile et les « justifications » de la « macronie » se situent aux bords de l’amateurisme politique. Peu étonnant, lorsque l’on considère le turnover au sein du conseil des ministres depuis 2017.

A la fin, même si bon nombre de députés LR ont suivi la voie de la raison en votant en faveur de la motion de censure soumise par le groupe LIOT, Elisabeth Borne sauvait son siège et cette réforme d’une courte tête – avec 9 voix d’avance. Il faut en déduire que ce gouvernement estime que 68% des Français soient des idiots et qu’il convient de décider contre leur volonté, car ils sont trop bêtes pour comprendre la « pensée complexe » du président. Donc, Macron / Borne ont pu imposer leur volonté contre une écrasante majorité des Français. Ce faisant, ils ont perdu la confiance des Français pour les années à venir. Ils doivent miser sur le Long Covid en espérant que d’ici les prochaines échéances électorales, les Français aient oublié ce déni de la démocratie et ce mépris du peuple français.

On pourrait croire que les crises mondiales actuelles auraient été suffisantes pour ne pas y ajouter une telle crise sociétale, pour le plaisir de montrer au peuple qui dirige ce pays. Si les prochaines semaines risquent d’être très mouvementées en France, entre manifestations violentes, grèves, d’autres actions, la réforme n’est pas encore entrée en vigueur. Le Conseil Constitutionnel a été saisi immédiatement après l’annonce du résultat du vote de la motion de censure et un Référendum d’Initiative Partagée (RIP) a été demandé par plus de 250 députés. Le Conseil Constitutionnel décidera de la recevabilité de cette demande et s’il l’accepte, la situation changera à nouveau, car à ce moment-là, les organisateurs de ce RIP disposeraient de 9 mois pour obtenir les 4,78 millions de signatures pour soumettre le texte de loi sur la réforme des retraites à un référendum.

Quoi qu’il advienne à cette réforme, ce déni de la démocratie ouvre une autoroute à l’extrême-droite. Le clan Le Pen peut attendre tranquillement, son essor semble inarrêtable. Aux Français d’organiser une gauche digne de ce nom et de proposer une alternative – en espérant que la France retrouve un jour le chemin de la démocratie qu’elle a quitté depuis quelques années.

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