Volkswagen sous pression

Le procès contre le géant de l’automobile allemand Volkswagen risque de se solder par un verdict lourd – l’Allemagne regarde bouche béée…

La marque a perdu de son éclat... Foto: Pavel Ševela / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Le procès contre Volkswagen, intenté par des actionnaires qui se sentent lésés, a commencé à Brunswick (Basse-Saxe), à 30 km seulement du siège de Volkswagen. En vue du nombre impressionnant d’avocats qui croisent les fers, le procès n’a pas lieu au tribunal de Brunswick, mais dans une salle municipale pour pouvoir accommoder cette armada d’avocats.

Le procès ne tourne que périphériquement autour des valeurs d’émissions falsifiées; cette fois, les actionnaires estiment que Volkswagen ne les a pas informés à temps du « Dieselgate », comprendre : à temps pour vendre les actions avant que celles-ci ne se mettent à baisser de manière vertigineuse. Les plaignants estiment que ce manque d’information leur a coûté 9 milliards d’euros et il s’agit de la somme qu’ils espèrent récupérer à l’issue de ce procès.

Mais ce procès n’est pas si évident que cela. Il se déroule à Brunswick, donc en Basse-Saxe, et le Land de la Basse-Saxe détient 20% des actions de Volkswagen. Est-ce que la politique tentera d’influencer ce procès pour ne pas trop pénaliser Volkswagen, donc, son propre budget ? Est-ce que la séparation des pouvoirs fonctionne en Allemagne ?

Le premier round a été remporté par les avocats de Volkswagen. Les plaignants voulaient faire valoir que la direction de Volkswagen était au courant de l’impossibilité de remplir les exigences environnementales américaines dès 2008, arguant que c’était à ce moment que Volkswagen aurait du en informer ses actionnaires. Le juge a indiqué lors de la première journée du procès qu’il estime qu’il convient d’évaluer le dossier seulement à partir de 2012 et que les autres événements antérieurs ne devraient pas être pris en compte.

Il est vrai qu’après que le scandale « Dieselgate » a éclaté, Volkswagen a surtout joué la carte « écran de fumée », en avouant entre les dents les choses déjà avérées, et en taisant d’autres informations. Pour les actionnaires de Volkswagen, ce scandale aura été cher (suite au scandale, l’action avait perdu environ 40% de sa valeur ; depuis, l’action remonte, mais se situe toujours à -15% de sa valeur avant « Dieselgate »).

Toutefois, nous assistons à un combat purement capitaliste. Volkswagen a trompé ses clients, ses actionnaires et une partie de ses 650 000 collaborateurs, tandis que les actionnaires râlent parce qu’ils ont perdu de l’argent en spéculant sur des titres de Volkswagen. Voilà le résultat quand un grand du capitalisme arnaque les plus petits du capitalisme.

Mais les dégâts ne se limitent pas au pur aspect financier. Le secteur de l’automobile est sacré pour les Allemands et le fait de découvrir qu’un constructeur puisse se comporter comme une association de malfaiteurs irrite les Allemands. Surtout dans la mesure où de nombreux experts estiment que la pratique de falsifier les valeurs d’émissions, ne concerne pas que le groupe Volkswagen…

Le modèle du « capitalisme sauvage » a autant échoué que le « socialisme d’Etat » qui lui, n’était autre qu’un capitalisme déguisé. Il serait temps d’arrêter la paix sociale, la prospérité et la démocratie sur l’autel de ce capitalisme qui peu à peu, avale les acquis sociaux des dernières décennies et qui est en train de ruiner le monde, pour le seul bénéfice d’une poignée d’actionnaires. Mais tant que nous vivons dans « Moutonland » où on a appris à tout gober, il n’y a que peu de chances que cela puisse changer. Jusqu’au jour où les inégalités et injustices prennent des dimensions qui feront exploser le baril de poudre sur lequel nous sommes tous assis…

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