16 fois déconfinement, s’il vous plaît…

Depuis le début de la corona-crise, les 16 Länder allemands font ce qu'ils veulent. L'application ou non des mesures sanitaires était décidé sur place. Comme maintenant le déconfinement.

Allez, retour à la normale. Et le virus ? Bah, faut vivre avec. De toute façon, on ne le voit pas, alors, il n'existe pas... Foto: Gruban / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Le déconfinement, en Allemagne, ressemble un peu au français. Les 16 Länder ont chacun leur propre plan de déconfinement, et ce qui est et sera permis dans un Land ne l’est plus quelques kilomètres plus loin. Si on comprend aisément que la politique se trouve devant un véritable casse-tête et face à des responsabilités extrêmes (que faire si le déconfinement déclenche finalement la grande vague à laquelle l’Allemagne a échappé jusqu’ici?), les citoyens ne comprennent plus rien. De toute manière, pour eux, la crise est passée, le printemps est merveilleux et l’envie de peupler les jardins à bière est plus forte que tout. Regardons déjà comment se passera le déconfinement dans les trois Länder qui jouxtent la France : la Sarre, la Rhénanie-Palatinat et le Bade-Wurtemberg.

En Sarre : En Sarre, tous les magasins sont ouverts déjà depuis lundi. Particularité : un client seulement est admis par 20m2 de surface du magasin. Bien entendu, les gestes-barrière sont toujours en vigueur, mais lorsqu’on voit comment les gens se ruent sur les centres commerciaux, devant les portes des villes, on est en droit de douter du respect de ces règles… Sinon, ont déjà également rouvert les portes, les aires de jeux pour enfants, les salons de beauté, les zoos et les musées. Et d’autres installations vont suivre rapidement – dès le 18 mai, les restaurants pourront à nouveau accueillir des clients. En revanche, en ce qui concerne la rentrée des classes, aucune discussion n’a encore été prise.

Dans le Bade-Wurtemberg : Au « Ländle », le gouvernement régional a élaboré un plan à cinq étapes qui lui aussi, a déjà commencé. Les salons de coiffure sont déjà ouverts, tout comme les zoos et – les églises. Les sportifs (sauf sports de contacts) peuvent s’adonner à leur hobby favori dès le 11 Mai et ce, à l’air libre. Lundi 11 Mai vont également ouvrir : les studios de beauté et de massage, les auto-écoles et les écoles de musique. On se demande tout de même comment on peut effectuer un massage en respectant la distanciation sociale… Une semaine plus tard, à partir du 18 Mai, les terrasses et la restauration à l’air libre pourront à nouveau accueillir les clients ; une semaine plus tard encore, le 25 mai, les salles de restaurant. A condition que rien de grave ne se passe d’ici là. Les hôtels, parcs d’attraction, campings et hôtels pourront, selon le plan, rouvrir le 30 Mai – pour ne pas louper les vacances de la Pentecôte.

En Rhénanie-Palatinat : Dès mercredi prochain, le 13 Mai, rouvriront les établissements gastronomiques, les universités populaires et les studios de beauté. Dès le 18 Mai, les hôtels pourront revenir à l’exploitation. La rentrée des premières classes est prévue pour le 25 mai, et tous les élèves sont censés rentrer à partir du 8 juin, ne serait-ce que temporairement, histoire d’avoir fréquenté leur écoles avant les grandes vacances.

On constate que dans certains secteurs, il y a déjà une « concurrence de déconfinement ». Considérant que pour les vacances de la Pentecôte et les grandes vacances, les voyages à l’étranger semblent compromises, chaque Land veut maintenant être en pool position pour pouvoir accueillir un maximum de touristes.

Si le gouvernement a défini un seuil maximum de nouvelles infections par Land, selon une clé de calcul spécifique, force est de constater qu’il y a un grand absent dans ces débats autour du déconfinement : le virus, qui continue à faire des victimes, dont on sait toujours bien peu de choses, mais qui disparaît du champ de vision des Allemands. Dans la cacophonie qui entoure ce déconfinement chaotique, on a déjà oublié pourquoi ces mesures sanitaires avaient été prises. Espérons pour les voisins allemands que cette insouciance ne leur jouera pas encore des tours. La phrase « on doit vivre avec le virus » se dit très facilement. Tant qu’on n’a pas attrapé le Covid-19.

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