Les hôpitaux allemands dans le rouge

Les fédérations tirent la sonnette d'alarme. En Allemagne, 20 à 25 % des hôpitaux sont menacés d'insolvabilité. La couverture médicale est sérieusement en péril outre-Rhin.

Depuis les années 50, le personnel soignant tire la sonnette d'alarme. Foto: Roger Rössing / Deutsche Fotothek / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0de

(KL) – Mardi, les personnels dans les hôpitaux ont fait une journée de grève. Mais comme en France, s’agissant d’un service qu’on ne peut pas simplement arrêter pour un jour, les grévistes ont du se limiter à porter un badge « en grève » dans le dos, tout en travaillant normalement. Comme la France, l’Allemagne devra répondre à une simple question : est-ce qu’une couverture médicale fait partie des droits fondamentaux ? Où est-ce que les soins à l’hôpital seront désormais réservés aux clients payant le prix fort ?

La « Société allemandes des hôpitaux » (DKG) déclare « l’alarme rouge », considérant que 20 à 25 % des hôpitaux allemands sont menacés de fermeture, faute de moyens. L’explosion du prix de l’énergie a contribué à rendre la situation encore plus compliquée et les hôpitaux déplorent que la politique les considère comme des simples entreprises dont le but est de gagner de l’argent pour pouvoir couvrir les frais courants et les investissements. Le DRK parle même d’un « changement structurel froid », reprochant à la politique de demander aux hôpitaux de gérer non seulement leurs patients, mais également les conséquences de l’inflation et d’autres crises.

Les fédérations demandent maintenant au gouvernement d’introduire rapidement une protection contre les dépôts de bilan que l’on craint dans le milieu hospitalier. Les nécessaires économies, selon le DKG, doivent être réalisées ailleurs et non pas dans la couverture médicale qui, comme le rappelle le DKG, fait partie de la « prévention de vie fondamentale ». A moins que nous souhaitons évoluer vers un système comme aux Etats-Unis où il faut payer cash le moindre geste médical.

D’ici la fin de l’année, les hôpitaux allemands auront enregistré des pertes financières à hauteur de 10 milliards d’euros. Mais la médecine n’est pas un « business », mais le financement de la structure hospitalière est une mission de l’état.

Toutefois, ce n’est pas la première fois que les professionnels du secteur de la santé tirent la sonnette d’alarme. En Allemagne comme en France, les manifestations des personnels soignants se sont soldées par des gazages, mais non pas par une réforme du système hospitalier qui, en pleine crise, perd aussi de plus en plus de personnels qui s’orientent vers d’autres corps de métiers moins stressants.

Nos pays se trouvent face à des décisions importantes. Est-ce qu’il faut laisser pourrir nos infrastructures et services publics pour financer la guerre en Ukraine ? S’agissant d’un choix politique, il serait parfaitement envisageable de faire des économies à d’autres niveaux que les structures hospitalières. Mais là, on ne pourra plus attendre – il faut que la politique agisse rapidement. Lorsque les premiers hôpitaux devront fermer, on ne rattrapera plus une telle évolution.

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