Elections : Dimanche, on vote pour l’Europe…

… mais aussi –notamment au Bade-Wurtemberg- pour désigner les élus locaux dans 10 Länder !

Depuis 1946, les choses n'ont pas vraiment évoluées - "Celui qui ne vote pas, vote pour son adversaire". Foto: KASACDP-10-017-48 / CC-BY-SA 3.0 DE / WIkimedia Commons

(Par Alain Howiller) – En proposant que les élections communales -conseils municipaux, assemblées de districts, d’agglomération, y compris «assemblée régionale de l’agglomération de Stuttgart»- (1) prévues pour cette année aient lieu le même jour que l’élection des députés au Parlement Européen, Reinhold Gall, le Ministre de l’Intérieur SPD du Land de Bade-Wurtemberg espérait que la participation aux élections européennes pèserait sur le taux d’abstention élevé qu’on enregistre généralement aux élections locales ! Il espérait aussi, disait- il au mois d’août dernier en présentant sa proposition, que la réunion des élections pèserait sur le coût plus élevé que ne manquerait pas de générer des consultations séparées. Il comptait enfin sur le fait que le rapprochement des élections éviterait chez l’électeur un sentiment de lassitude préjudiciable à la participation.

Le Bade-Wurtemberg a donc décidé, tout comme la Rhénanie-Palatinat et 8 autres Länder (2) sur 16, de faire coïncider élections locales et élections européennes : on saura au soir du 25 Mai si le calcul aura été bon et si ce jumelage aura permis de «booster» la participation électorale lors de ces consultations. Au Bade-Wurtemberg, les sondages prévoient, actuellement, une participation de 51% des électeurs.

La «majorité électorale» ramenée à… 16 ans ! – Il sera, du reste, intéressant dans le débat général qui tourne autour de l’intérêt des jeunes pour la politique, de jauger l’effet de la mesure qui, au Bade-Wurtemberg, a ramené la «majorité électorale» de 18 à 16 ans pour les élections locales : la mesure permettra à 200.000 jeunes électeurs supplémentaires de participer -s’ils le désirent- aux élections locales.

Les élections locales concerneront 8,5 millions d’électeurs (dont 600.000 citoyens issus d’un pays de l’Union Européenne) au Bade-Wurtemberg et 3,23 millions d’électeurs (dont 100.000 citoyens d’un pays de l’Union Européenne) en Rhénanie-Palatinat. Au Bade-Wurtemberg, ils désigneront les élus qui siègeront dans 1.101 conseils municipaux, sans compter les autres formes de structures locales tandis qu’en Rhénanie-Palatinat, il s’agira de désigner les élus pour 2.306 municipalités (le Land a le plus grand nombre de municipalités d’Allemagne !), sans compter les autres formes de structures de coopération inter-communale.

Bade-Wurtemberg : un éclairage sur la situation politique ! – C’est au Bade-Wurtemberg que les scrutins locaux, au delà des élections européennes, risquent d’apporter l’éclairage politique le plus intéressant. Lors des élections fédérales du 22 Septembre dernier, le scrutin avait fait faire une remontée aux chrétiens-démocrates qui, aux élections régionales de 2011, avaient perdu le gouvernement du Land au profit d’une coalition «Verts»-SPD. Si les sondages marquent actuellement une forte adhésion (66% de satisfaits : +1% par rapport à Novembre) des électeurs à la personne du président «vert» Winfried Kretschmann, la satisfaction vis-à-vis des partis au pouvoir est loin d’être à la hauteur du jugement positif porté sur le Président du Land ! 60% des sondés marquent leur insatisfaction à propos de la politique menée par la coalition au pouvoir dans le domaine de l’éducation et dans celui de la culture.

Dans un sondage Infra-Test-dimap réalisé pour le Südwestfunk, le parti libéral FDP confirme son déclin : avec 3% d’intentions de vote, si les prochaines élections régionales avaient lieu maintenant (et non en 2016), il ne serait plus représenté au Landtag : par contre, le parti eurosceptique «Alternative pour l’Allemagne (AfD)», avec 6% des voix, entrerait à la diète de Stuttgart. Les «Verts» et le SPD, unis, remporteraient 41% des voix contre 41% (-2%) à la CDU ! Aux élections de 2011, les Verts avaient obtenu 24,2% des voix et le SPD 23,1% contre 39% à la CDU et 5,3% au FDP : la coalition «verte-social-démocrate» a régressé et la CDU a progressé, mais aucun parti n’aurait de majorité.

Où la coalition actuelle trouvera-t-elle une force d’appoint suffisante alors que Winfried Kretschmann a affirmé vouloir reconduire, en 2016, la coalition actuelle ? Où la CDU trouverait-elle un allié : chez les Verts, à l’image de ce qui s’est passé en Hesse, après les dernières élections dans le Land ? Au SPD à l’image de la Grande Coalition ?

24 partis ou mouvements dans la compétition électorale ! – Les élections qui vont avoir lieu, constitueront une sorte de «sondage grandeur nature» non seulement sur la popularité de la «GroKo» de Berlin, mais aussi sur celle «verte-sociale-démocrate» installée à Stuttgart. Le test sera d’autant plus intéressant que, avec l’arrivée cette année de candidats «AfD» et «NPD», la palette des partis, mouvements et associations présents aux élections locales seront un large reflet des tendances qui traversent l’opinion du Land comme celle du pays. Aux dernières élections locales, les mouvements et associations apolitiques ont réuni 31% des voix, ce qui explique que les «grands partis» se sont partagés le solde : 28% pour la CDU, 18% pour le SPD, 10 % pour les Verts et 6% pour le parti libéral FDP.

Pas moins de 24 partis et mouvements seront présents à ces élections qui, notamment à Stuttgart, passent pour être les plus compliquées de la République Fédérale. Ce qui explique que ceux qui sont chargés du dépouillement mettront plusieurs jours avant de pouvoir dresser la liste de l’ensemble des élus qui représenteront la population dans l’ensemble des structures des collectivités locales ! Participer aux élections européennes sera, il est vrai, plus simple : raison de plus pour aller voter Dimanche !

(1) Les collectivités concernées sont d’une rare complexité, on compte des Kreistage, Gemeinderäte, Verbandsgemeinderäte, Stadträte, Ortschaftsräte, Bezirksräte, Ortsbeiräte, Bezirkstage (au Palatinat) ou une «Regionalversammlung» (à Stuttgart, en plus du conseil municipal).

(2) Il s’agit outre du Bade-Wurtemberg et de la Rhénanie-Palatinat, du Brandebourg, de Nordrhein-Westphalen, du Mecklenbourg-Vorpommern, de la Sarre, de la Saxe, de Saxe-Anhalt, de la Thuringe et de Hambourg.

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