3,2% !

Le Pays de Bade se rapproche du plein emploi. Au mois d’avril, le taux de chômage a baissé à 3,2%. Mais le « paradis » n’est pas que paradisiaque.

Ceux qui ont un travail, sont contents. Les autres glissent vers la précarité - voilà le "modèle allemand"... Foto: Giesserei Heunisch / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Il y a les chiffres et il y a les réalités et parfois, les deux ne collent pas ensemble. Ainsi, l’Agence pour l’Emploi de l’Ortenau affiche pour le mois d’avril, un taux de chômage de 3,2%, ce qui correspond presque au plein emploi. Donc, tout va bien dans le meilleur des mondes de l’autre côté du Rhin. Vraiment ?

Techniquement, le chômage a baissé au mois d’avril de 0,3% pour se situer désormais à 3,2%. Ces 3,2% correspondent à 7837 hommes et femmes qui cherchent un emploi, ce qui, en vue d’une population de plus de 400 000 personnes, semble tout à fait correct.

Mais, comme souvent, il y a un « mais ». Et ce « mais », c’est le « modèle Allemagne » – un modèle qui vise plus les apparences que le fond. Car en Allemagne, on a l’habitude « d’embellir » ces chiffres – en excluant du chiffre du chômage, toute personne considérée comme difficile à placer, les chercheurs d’emploi au-dessus d’un certain âge, et d’autres catégories de chômeurs qui eux, sont suivis par un autre organisme, la « Kommunale Arbeitsförderung ». Cet organisme propose toute sorte de mesures de qualification à ce groupe cible, mais la réalité veut que pour de nombreux chercheurs d’emploi dans ces catégories, il s’agit du terminus de leurs espoirs professionnels.

Et à partir de là, le paradisiaque « modèle allemand » se transforme pour les personnes concernées, en l’enfer de la précarité dont on n’a plus aucune chance de s’en sortir. Or, l’Allemagne se paie le luxe de laisser presque un cinquième de sa population végéter en-dessous du seuil de la pauvreté tel qu’il a été défini par les institutions européennes. Ce taux de pauvreté, plus élevé que dans d’autres pays européens, jette un ombre sur ce « modèle allemand » – la politique d’austérité du gouvernement allemand cause les mêmes dégâts en Allemagne que dans les pays du sud de l’Europe.

Mais pourquoi est-ce que ce cinquième de la population ne se rebiffe pas ? Pourquoi ces gens ne manifestent pas, ne s’organisent pas dans des partis politiques pour réclamer, enfin, une vraie justice sociale ? La réponse en est simple – ceux qui dépendent de l’aide sociale, le tristement célèbre « Hartz IV », dépendent totalement du bon vouloir des autorités. Il ne faut surtout pas se faire remarquer, au risque de se voir réduire ou suspendre cette aide sociale, ce qui peut entraîner des conséquences dramatiques pour les personnes concernées.

Les jolis chiffres ne racontent donc qu’une partie des réalités, cette partie que l’on veut bien montrer. Par ailleurs, la misère se répand de plus en plus en Allemagne qui, pour le reste de l’Europe, est tout sauf un modèle à suivre. On attend les élections législatives du mois de septembre et surtout, le duel entre la politique d’austérité d’Angela Merkel et la politique sociale de Martin Schulz. Si les exclus de la société devaient se mobiliser pour ce scrutin, les choses pourraient changer…

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