97 minutes d’ennui

Le « duel » télévisé entre Angela Merkel et Martin Schulz n’en était pas un – du moins, lorsque l’on se tient à la définition du terme « duel » du Larousse.

Deux qui s'entendent bien - Angela Merkel et Martin Schulz... Foto: ScSh EJ

(KL) – En travaillant les 14 pages de notes prises lors du seul débat télévisé entre la chancelière Angela Merkel (CDU) et son challenger Martin Schulz (SPD) avant les élections législatives le 24 septembre prochain en Allemagne, je tombe sur une notice : « 21h22. Angela Merkel : Je trouve le droit de péage justifié, après tout, nous devons aussi payer quand on prend l’autoroute en Autriche ou en Suisse. Bla bla bla… ». Ce « bla bla bla », après 67 minutes de débat, à une demi-heure de la fin de ce qui avait été annoncé comme « Le Duel », résume bien l’intensité de ce débat entre deux candidats qui n’avaient aucun véritable terrain de confrontation. Considérant que le Larousse définit un duel comme un « combat singulier entre deux adversaires », ce duel n’en était pas un.

Les 30 premières minutes du débat étaient réservées à la question de la migration et des réfugiés et si les deux candidats proposent quelques mesures d’intégration différentes, mais presque complémentaires, il y a un grand consensus entre Angela Merkel et Martin Schulz. Peu étonnant, puisque la politique dans ce dossier est signée conjointement CDU/CSU et le SPD – le challenger ne pouvait pas attaquer la chancelière sur son bilan, puisque son parti a porté sa politique avec elle.

Même son de cloche en ce qui concerne l’évaluation de la situation en Turquie. Lorsque Martin Schulz a essayé de se positionner comme l’homme fort en insistant plusieurs fois qu’il allait demander aux institutions européennes de terminer définitivement les négociations quant à une adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, la chancelière a répondu que ces négociations étaient de toute manière gelées actuellement et qu’il ne fallait pas se précipiter sans se concerter en amont avec les partenaires européens. Pour le reste, grand consensus entre Merkel et Schulz.

L’emploi, le chômage et l’inégalité dans la société allemande ? Il faut agir, à tous les niveaux et les deux citent plus ou moins les même priorités – l’accès à la formation, le chômage, une baisse d’impôts pour les faibles revenus. Angela Merkel marque un point en soulignant qu’au début de son mandat, l’Allemagne comptait 5 millions de chômeurs, chiffre divisé par deux aujourd’hui.

La sécurité et le terrorisme – l’harmonie entre les deux candidats devient inquiétante. Les deux souhaitent augmenter les effectifs de la police. Martin Schulz veut embaucher 15000 policiers supplémentaires. Angela Merkel veut embaucher 15000 policiers supplémentaires. Ah, une idée: Martin Schulz veut octroyer la charge des petits accidents de la route aux services municipaux ou communaux, pour que la police puisse se concentrer sur ses missions plus importantes. Et Angela Merkel fait « oui » de la tête. Adversaires politiques ?

La Corée du Nord, les Etats-Unis et le président Trump, l’Europe et ses frontières extérieures – ils s’entendent plutôt bien, les deux candidats qui, selon toute vraisemblance, formeront le futur gouvernement allemand après les élections du 24 septembre. Les petites piques que lance Martin Schulz de temps en temps, c’est pour la forme. Même pas méchant. Angela Merkel sourit et demande poliment qu’on reste cool ces derniers jours avant les élections. Elle peut sourire – elle dispose d’une avance d’environ 16% dans les sondages et sauf incident majeur concerté par des hackers russes, elle sera la prochaine chancelière allemande. Avec Martin Schulz comme second – comme « partenaire junior » dans cette éternelle Grande Coalition, il deviendra ministre des affaires étrangères et vice-chancelier. Ce qui semble finalement convenir à tout le monde.

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