« A gauche, il manque une personnalité capable de fédérer… »

Interview avec l’ancien député strasbourgeois Philippe Bies, sur sa vie après sa carrière politique et sa vue sur les différentes élections à venir.

L'ancien député Philippe Bies (PS) lors de l'interview avec Eurojournalist(e). Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Philippe Bies arrive à vélo pour notre interview, détendu et souriant. Aujourd’hui Directeur de la Transition et de l’Innovation de la SERS, organisme du développement durable dans le domaine du bâtiment écologique, l’ancien député a pris de la distance par rapport au monde politique. Un monde qu’il continue à suivre, bien entendu, d’un regard averti. Interview.

Philippe Bies, après vous être retiré du monde politique, que faites-vous aujourd’hui ?

Philippe Bies : Je travaille, comme tout le monde ! A la SERS, j’ai une fonction en phase avec mes convictions. Et ma « nouvelle vie » est tout à fait positive.

Justement, comment est-ce que l’on vit cette transition, d’une vie sous stress en permanence vers une vie plus « normale » ?

PB : Cette transition s’est déroulée de manière paisible, sereine. Ceci dit, je suis quotidiennement la politique. Quand on a été acteur dans ce monde, on a la distance nécessaire pour apprécier les choses différemment.

Comment vivez-vous l’effondrement de la « Gauche » française, dans un pays où les experts estiment qu’il y a un potentiel d’électorat de gauche pouvant atteindre les 40% ?

PB : C’est triste, mais force est de constater qu’il manque un vrai projet politique à la gauche. Surtout dans la mesure où les positions des différentes forces de la gauche pourraient être conciliées. Souvenez-vous, sous François Mitterrand, il était tout à fait possible de fédérer différents partis de gauche pour un but commun. Mais, aujourd’hui, il manque une personnalité capable de justement fédérer ces forces vives de la gauche. Et donc, tout le monde continue à jouer sa propre partition.

Nous sommes à quelques semaines des élections régionales et départementales. Quel regard portez-vous sur ces élections à venir ?

PB : On assistera à des élections qui risquent de se dérouler comme les élections en 2022. Si la gauche devait rester désunie, ces élections s’annonceraient très difficiles.

Daniel Cohn-Bendit a publié, il y a quelques années déjà, un fascicule dans lequel il explique que les appareils des partis politiques sont tellement rigides qu’ils deviennent carrément un obstacle pour des réformes à l’intérieur des partis. Vous en pensez quoi ?

PB : Cohn-Bendit n’avait certainement pas tort en écrivant ça. Toutefois, ce sont les partis qui sont les garants du fonctionnement politique des pays. Vous savez, il y a des pays où il n’y a pas de partis politiques. Et je préfère notre système à nous, avec toutes ses imperfections qu’il conviendra d’améliorer, bien sûr ! Mais à bien y regarder, ce problème des structures trop rigides, vous le trouvez également chez les syndicats, et effectivement, une modernisation de ces appareils serait indiquée.

Et cette problématique concerne aussi le PS, non ?

PB : Je vais vous répondre par une citation de Léon Blum concernant l’ensemble de la classe dirigeante – « On ne peut maintenir sa cohésion qu’à la condition […] d’être capable de s’adapter au cours des événements et […] d’employer la force fraîche des générations montantes. [Celui qui n’en est pas capable] est condamné à disparaître de l’Histoire. » Mais cela n’est pas valable que pour le PS, mais pour l’ensemble des partis politiques.

Dernière question : vous songez à un retour dans la politique ?

PB : Quand on a fait de la politique pendant si longtemps, on l’a dans le sang… Aujourd’hui, je suis très bien là où je suis. Mais j’avoue, la politique me manque, même si le monde politique est un monde très violent. Je n’ai pas de plans concrets, mais il ne faut jamais dire « jamais »…

Philippe Bies, merci pour cet entretien !

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