A la fin, ce sont les électeurs qui décident…

Schleiz, chef-lieu de l'arrondissement Saale-Orla, n'aura pas de Landrat de l'AfD... Foto: Lysippos / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Avant le deuxième tour de l’élection du Landrat (sorte de sous-préfet) de l’arrondissement Saale-Orla en Thuringe, les choses semblaient claires. Au premier tour, le candidat de l’AfD, Uwe Thrum, avait loupé de peu la majorité absolue avec 45,7%, tandis que son concurrent principal, Christian Herrgott (CDU), n’avait obtenu que 33,3% des votes. Mais entre les deux tours, la vague antifasciste était passé par l’Allemagne et du coup, c’est Christian Herrgott qui remporte le deuxième tour avec 52,4% des votes.

Maintenant, l’arrondissement Saale-Orla, avec ses 80000 habitants, n’est pas représentatif pour l’Allemagne, mais le résultat de cette élection était quand même surprenant. Ces derniers mois, l’extrême-droite allait de succès en succès et cette défaite, ne figurait certainement pas sur le programme de l’AfD. En plus, cet arrondissement se situe en Thuringe, Land où l’AfD mène assez largement dans les sondages en vue de l’élection régionale du mois de septembre. C’est donc la première fois depuis un bon moment que l’AfD essuie un revers et ce, à un moment où l’extrême-droite perd aussi quelques points dans les sondages au niveau national. La marche vers le pouvoir des extrémistes, voilà l’enseignement de ce scrutin, peut être stoppé aux urnes. C’est aussi simple que ça.

L’essor des extrémistes n’est pas un « phénomène naturel » que personne ne peut arrêter, mais il est le fruit de la frustration des électeurs et électrices avec un monde politique incompétent. Mais entre la frustration et l’ouverture de la voie pour un « remake » de l’Histoire, il y a encore les électeurs et électrices. Il suffit qu’ils disent « non » aux extrémistes et ces derniers ne passent pas.

Pendant ce temps, les manifestations contre le néo-fascisme continuent en Allemagne où de nombreuses personnes ont fini par comprendre la vraie nature de l’extrême-droite, suite à la « conférence de Potsdam » où des extrémistes avaient fantasmé sur la « rémigration » et d’autres mesures pour « épurer » l’Allemagne de tout ce qu’il n’est pas allemand pure souche. Et puisque l’Allemagne a déjà vécu cela il y a environ 90 ans, la grande majorité des Allemands ne se sent pas rejouer cette pièce-là.

C’est le média d’investigation « Correctiv » qui avait rendu cette conférence publique et depuis, l’essor incroyable de l’AfD marque un temps d’arrêt et les gens commencent à s’intéresser de plus près à ce que les extrémistes veulent vraiment.

Cela ne veut pas dire que le problème de l’extrême-droite soit réglé, loin de là. Mais les habitants de l’arrondissement de Saale-Orla ont montré que la prise du pouvoir par l’AfD n’est pas une évidence et qu’il est possible de l’empêcher. Ces prochaines semaines, il sera intéressant de suivre les sondages pour voir si ces manifestations antifascistes aient réellement un impact mesurable sur l’évolution du paysage politique en Allemagne. En tout cas, le résultat du scrutin à Saale-Orla est encourageant.