A Strasbourg, la tolérance à un prix… l’Europe aussi !

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(Par Alain Howiller) – Il a soixante ans. Il est gynécologue. Il est italien. Et si son nom commence à être connu, c’est certes à travers un documentaire présent aux « Oscars » de cette année et à travers son autobiographie qui paraîtra en France le 8 Mars(1), mais c’est surtout à l’évocation du lieu où il exerce : l’île de Lampedusa dont les habitants ont sauvé de la noyade plus de 400.000 réfugiés en un quart de siècle. A partir du 10 Mars, son nom ne sera plus ignoré dans le Rhin Supérieur : car, arrivé la veille dans la métropole alsacienne où le cinéma l’Odyssée (20 heures)(2) aura présenté le documentaire sur son action, c’est ce jour-là que le docteur Pietro Bartolo, médecin-chef de l’hôpital-dispensaire de Lampedusa, se verra remettre le « Prix de la Tolérance 2017 ».

Ce prix a été créé par l’Association des « Amis de Marcel Rudloff », à la mémoire de l’ancien Sénateur-Maire de Strasbourg, ancien Président du Conseil Régional d’Alsace et ancien membre du Conseil Constitutionnel, décédé en 1996.

Un prix pour le « Docteur de Lampedusa » ! – Il lui sera remis, à Strasbourg, par Francis Hirn, Président de l’Association, dans le cadre prestigieux et particulièrement bien adapté de la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Hommage sera rendu à cette occasion à un médecin exceptionnel à la pointe de l’action engagée par les habitants de Lampedusa dans le sauvetage et l’accompagnement médical de ces milliers de réfugiés qui franchissent la Méditerranée, souvent sur des embarcations de fortune, dans l’espoir de trouver chez nous, en Europe, un havre de paix et de prospérité ! S’il en est un qui méritait un prix venant récompenser cette vertu de tolérance que Marcel Rudloff incarnait si bien, c’est bien le docteur Bartolo. Son nom vient s’ajouter à la longue liste des Prix de la Tolérance.

L’année dernière, le prix a été remis à Latifa Ibn Ziaten, la mère du sous-officier Imad Ibn Ziaten, la première victime de Mohamed Merah, l’auteur de la tuerie dans une école juive de Toulouse (le 19 Mars 2012). Latifa Ibn Ziaten a créé à la mémoire de son fils assassiné une association « Pour la jeunesse et la paix » qui se bat contre la radicalisation des jeunes : son fils-aîné a entamé un tour de France à pied au cours duquel il engage, étape par étape, un dialogue avec les jeunes pour lutter contre les tentations de radicalisation et la menace du salafisme.

Distinction spéciale pour le Dalaï Lama ! – L’année dernière aussi, pour marquer le vingtième anniversaire de la disparition de Marcel Rudloff, l’association avait remis, à Strasbourg, où le Parlement Européen remet, de son côté, chaque année depuis 1988 le « Prix Sakharov pour la liberté », un « Prix Spécial 20 ans » au Dalaï Lama accueilli dans la capitale européenne.

L’association est soutenue par la Ville de Strasbourg, dont le Maire -Roland Ries- est très attaché aux valeurs de tolérance prônées par Marcel Rudloff mais aussi par la « Région Alsace » -devenue « Région Grand Est », dont le président Philippe Richert a été un ami de l’ancien sénateur-maire strasbourgeois. Parmi les lauréats du Prix de la Tolérance, on compte le père Elias Chacour (2000), ancien archevêque melkhite en Terre Sainte, Stephane Hessel (2002), Daniel Barenboïm (2003), Reporters sans Frontières (2005), Robert Badinter (2007), Barbara Hendricks (2007), Laura Flessel (2009), Jean-Paul Costa (2014, ancien président de la Cour Européenne des Droits de l’Homme)…

A l’heure où on apprenait la venue à Strasbourg du « docteur de Lampedusa », les organisateurs du « Symposium Pierre Pflimlin » (3) annonçaient que le 10ème symposium aurait lieu à Baden-Baden le 18 Mai, à 18h30, au Brenners Park Hotel. Le symposium remettra à cette occasion sa Médaille « Cœur de l’Europe en Or ».

A Baden-Baden, la « présidente » de Sarre décorée ! – Cette distinction qui avait, précédemment, été attribuée (notamment) à l’ancien Ministre Daniel Hoeffel, à l’ancien Président du Parlement Européen Hans Gert Pöttering ou au politologue spécialiste des rapports franco-allemands Alfred Grosser (en 2016), sera remise cette année à la ministre-présidente du Land de Sarre Annegret Kramp-Karrenbauer pour son action en faveur de l’Europe et plus particulièrement pour sa contribution aux rapports franco-allemands. Pour la lauréate, ce 10 Mai sera l’occasion soit de tracer les lignes de sa future action à la tête du deuxième plus petit Land d’Allemagne (1 million d’habitants) ou de dresser un bilan-testament sur ses résultats à la tête du Land. En effet, des élections pour le renouvellement du Landtag (assemblée régionale) auront lieu en Sarre le 26 Mars.

Ces élections décideront si l’actuel gouvernement de « grande coalition CDU/SPD » sera reconduit avec Kramp-Karrenbauer à sa tête ou si une alternance e (appuyée par un effet Schulz) conduira le SPD à la tête du Land. Pour l’heure, la CDU et le SPD sont au coude à coude, avec tout de même, selon les derniers sondages, de plus de 3 points pour la CDU. Mais même en cas (peu probable ?) de défaite électorale de la ministre-présidente actuelle du Land, elle sera encore en fonction le 10 Mai !

(1) Le titre de l’autobiographie est « Les larmes de sel » (éditions JC. Lattès), le titre est traduit de l’édition italienne « Lacrima di sale ».

(2) Le film s’intitule en édition originale italienne « Fuoco a mare » devenu pour les « Oscars » « Fire at Sea », la version française s’intitulant « Par-delà Lampedusa ! » (voir le site de l’Odyssée – Strasbourg).

(3) Le « symposium » avait été créé initialement pour soutenir, côté allemand, les ambitions de « Strasbourg capitale de l’Europe » et voulait distinguer des lauréats méritants de l’idée européenne issus de la Région du Rhin Supérieur. Faute de candidats suffisants dans notre espace transfrontalier et devant le faible intérêt apparent marqué par Strasbourg (!), les ambitions de l’Association se sont élargies et sont aujourd’hui moins tournées vers Strasbourg et plus orientées vers la promotion de l’idée européenne en général.