AKK jette l’éponge

Coup de tonnerre à Berlin – la présidente de la CDU et candidate à la succession d'Angela Merkel, Annegret Kramp-Karrenbauer, jette l'éponge.

Annegret Kramp-Karrenbauer pensive. Elle se retire de la course à la succession d'Angela Merkel et de la présidence de la CDU. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Le désastre de l’élection du Ministre-Président de la Thuringe, lorsque le candidat du FDP Thomas Kemmerich avait été élu la semaine dernière avec les votes de la CDU et de l’AfD, cause des dégâts substantiels dans le paysage politique allemand. Hier, la présidente de la CDU et candidate à la chancellerie pressentie, Annegret Kramp-Karrenbauer, a annoncé qu’elle ne serait pas candidate aux prochaines élections législatives et qu’elle allait démissionner de la présidence du parti lors du prochain congrès.

Outre ses différents faux-pas depuis le début de sa carrière berlinoise, AKK aura échoué sur deux problèmes. D’une part, elle n’a pas acquise le poids nécessaire pour faire régner la discipline dans son parti (en Thuringe, les élus régionaux CDU avaient fait fi des instructions berlinoises et voté allègrement avec l’AfD) et deuxièmement, on lui reproche l’incapacité de distinguer entre l’extrême-gauche et l’extrême-droite au niveau régional.

Pour AKK, le Ministre-Président sortant de la Thuringe, le très populaire Bodo Ramelow (Die Linke) qui dirigeait une coalition Die Linke-SPD-Verts est aussi infréquentable que Björn Höcke de l’AfD, un homme politique qu’on est en droit de qualifier de « fasciste » selon un jugement. Avec un minimum de flexibilité, AKK aurait très bien pu réparer la gaffe électorale de la semaine dernière en réunissant pour la nouvelle élection d’un Ministre-Président, les votes de la CDU derrière Ramelow pour éviter que ce dernier se fasse élire, lui aussi, par les votes de l’AfD – ce qui l’obligerait de décliner son élection.

Pour la CDU, Die Linke est un adversaire politique, car le parti, surtout fort dans les länder de l’ex-RDA, est considéré comme le successeur du SED, le parti unitaire de l’ex-RDA. Si 30 ans après l’unification allemande, les acteurs ne sont plus les même et si Die Linke mène, au niveau régional, un travail responsable et généralement apprécié, la CDU pourrait peut-être arrêter de comparer ce parti à gauche du spectre démocratique avec un parti qui, surtout en Thuringe, montre des tendances fascistes.

Le séisme politique déclenché par cet imbroglio en Thuringe, est loin d’être fini. La CDU, le FDP et l’AfD s’enfoncent de plus en plus, baissent dans les sondages et du moins la CDU et le FDP semblent incapables de réparer cette erreur politique monumentale d’avoir fait cause commune avec l’AfD. Les médias posent déjà la question si la CDU glisse de plus en plus vers la droite et chaque jour que cette situation persiste, coûtera des votes à ces trois partis.

Pour AKK, qui avait fourni un excellent travail comme Ministre-Présidente en Sarre avant de démarrer sa carrière à Berlin, cette évolution est regrettable. Elle se consolera avec son portefeuille de ministre de la défense qu’elle entend garder aussi après son retrait à la tête de la CDU.

Le chaos démarré en Thuringe ne fait que commencer – le retrait d’AKK constitue un point d’exclamation. Si la CDU ne voit pas maintenant qu’elle est en train de se rapprocher dangereusement de l’AfD, malgré toutes les déclarations disant le contraire, ce sont les électeurs et électrices qui lui donneront la réponse aux prochains scrutins. Et pendant toute cette affaire, on entend les néo-fascistes ricaner, content d’avoir été à l’origine de ce chaos. Là aussi, il s’agit d’une leçon à retenir – l’extrême-droite ne cherche pas à participer au processus politique et démocratique, ce parti ne cherche qu’à saboter le fonctionnement démocratique des parlements où il siège. Comme au siècle dernier…

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