Et le siège éjectable est pour – AKK…

En nommant Annegret Kramp-Karrenbauer à la tête du ministère de la Défense, Angela Merkel a rapidement réagi à la nomination d’Ursula Von der Leyen à présidence de la Commission Européenne.

Si AKK devait échouer comme ministre de la Défense, eh ben, elle sortirait vers le haut... Foto: United States Air Force / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Voilà Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK) ministre de la Défense allemande. Un cadeau empoisonné, car ce poste est traditionnellement réservé aux potentiels successeurs d’Angela Merkel qui se sont tous brûlé les mains dans cette fonction. Karl-Theodor von und zu Guttenberg, Ursula Von der Leyen, Annegret Kramp-Karrenbauer – tous étaient pressentis un moment comme candidats potentiels à la chancellerie à Berlin – avant de sombrer dans les méandres d’un ministère qui, depuis des années, ne connaît que des dysfonctionnements. La tâche qui attend AKK sera difficile : grâce au formidable travail fourni par la nouvelle Présidente de la Commission Européenne, l’armée allemande n’est pas opérationnelle. Et si AKK ne change pas cet état des choses, elle pourra faire une croix sur ses ambitions de succéder à Angela Merkel.

Tout allait très vite. Quelques instants après l’élection d’Ursula Von der Leyen, l’information circulait déjà à Berlin : AKK entre au conseil des ministres et grille la politesse à d’autres candidats potentiels au poste du Ministre de la Défense. Comme son grand concurrent Jens Spahn qui devra conserver le portefeuille de la Santé, et qui avait espéré pouvoir remplacer Ursula Von der Leyen. Mais ce sera AKK qui sera aux commandes de l’armée allemande ; et comme cela devient une habitude dans le monde politique, elle ne dispose d’aucune expérience dans le domaine militaire. Il semblerait même que des compétences trop concrètes soient devenues un critère KO lorsqu’il s’agit de diriger un ministère. Moins on comprend la matière, plus on a des chances d’obtenir le poste. Jens Spahn avait le malus d’être un homme et d’avoir accompli son service militaire – ce qui constitue déjà trop de compétences pour pouvoir postuler au poste du Ministre de la Défense.

Pour AKK, cette nomination pourrait effectivement s’avérer être un cadeau empoisonné. Car depuis de longues années, personne n’a pu briller à ce poste, et lorsque l’on observe l’état de la Bundeswehr, on comprend la difficulté de la mission qui attend AKK. Equipements défectueux, effectifs insuffisants, armes inadaptées aux régions où l’Allemagne envoie des soldats (un nouveau fusil acheté par la Bundeswehr ne fonctionne pas à des températures au-dessus de 35 degrés, ce qui le rend particulièrement utile dans des missions dans des pays chauds …), des avions qui, lorsqu’ils arrivent à décoller, ce qui est assez rarement le cas, ont tendance à crasher comme il y a quelques jours – et même le service de l’aviation du Parlement allemand géré par la Bundeswehr ne fonctionne pas. Ajoutez à cela le postulat américain de l’OTAN qui veut que l’Allemagne investisse dans les structures vétustes de son armée, et on voit les difficultés qui attendent AKK.

Pour AKK qui était déjà désignée comme la dauphine d’Angela Merkel comme chancelière de l’Allemagne, cette promotion ressemble plus à une punition qu’à une reconnaissance de son statut de dauphine. Car si AKK ne réussissait pas à réformer en un temps record la Bundeswehr (mission où Ursula Von der Leyen a lamentablement échoué), son rêve de devenir chancelière serait terminé. Soit elle réussira cette mission impossible, soit elle disparaîtra de l’avant de la scène politique.

Lors de ses premiers mois passés à la tête de la CDU à Berlin, AKK a du se rendre compte que la politique dans la capitale était bien plus compliquée qu’aux bords de la Sarre. Si elle avait fait un excellent travail comme ministre-présidente du plus petit des Länder allemands (sans compter les états-ville comme Brême ou Hambourg), elle avait commis gaffe sur gaffe à Berlin où les erreurs de communication se payent cash – et du coup, au lieu de s’acheminer tranquillement vers la chancellerie qui lui semblait promise, elle doit faire ses preuves dans un ministère « piège ». Cette promotion représente-t-elle déjà la fin des ambitions d’AKK ?

Ursula Von der Leyen, elle, a eu la chance de pouvoir sortir de ce nid de guêpes par le haut. Pour récompenser ses échecs au ministère, pour étouffer son « scandale des consultants » (elle avait chargé des grandes entreprises de conseil d’analyser la Bundeswehr, moyennant des millions d’euros), elle s’est vue propulsée au poste le plus important au niveau européen. Heureusement pour elle que tout s’est passé si vite que les autres pays européens n’ont pas vraiment eu le temps de découvrir son bilan de ministre désastreux avant de l’élire à la tête de l’Europe. La route vers la chancellerie berlinoise lui était barrée, mais son « lot de consolation » est plutôt correct. Ce sera différent pour AKK, car si elle échoue comme Von der Leyen, il n’y aura pas de poste compensatoire à la clé.

Et qu’est-ce que ce carrousel des postes a comme rapport avec nous, citoyens et citoyennes ? Vous l’aurez deviné – rien du tout…

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