Allemagne : la légalisation du cannabis se concrétise

Prochainement légal en Allemagne - à condition d'adhérer à un "club de cannabis" ou de planter soi-même du chanvre. Foto: elsaolofsson / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Les ministres fédéraux Karl Lauterbach (Santé) et Cem Özdemir (Agriculture) ont présenté hier leur plan de légalisation du cannabis pour l’Allemagne. L’idée de départ, à savoir la mise en œuvre de magasins sous l’autorité de l’état, a été abandonné, car le droit européen ne l’autorise pas, tout comme le Traité de Schengen qui interdit de faciliter l’achat et l’importation de toute drogue à travers une frontière de l’espace Schengen. Pour contourner ces restrictions, les Allemands feront la promotion des associations. Car pour consommer en toute légalité du cannabis, il faudra s’inscrire dans une association qui elle, a le droit de cultiver du chanvre et de le céder à ses membres. Ceux qui ne souhaitent pas devenir sociétaire d’une association, seront autorisé de cultiver chez eux un maximum de trois plantes pour la consommation personnelle.

La détention de 25 grammes de cannabis ne représentera plus un délit et ne sera donc plus puni. Chez soi, on aura même le droit de stocker des quantités plus importantes, à condition que ces quantités ne soient pas destinées à la vente, ce qui semble difficile à prouver dans la pratique.

« La politique de la criminalisation a échoué », dit la politique allemande, « nous devons délester la police et les tribunaux pour que ceux-ci puissent se concentrer sur leurs missions plus importantes. » Considérant que des millions d’Européens consomment du cannabis, il semble beaucoup plus sensé d’encadrer et de réglementer le marché, au lieu de favoriser le modèle d’affaires du crime organisé qui sévit dans les cités et pas que dans les cités. A la place de magasins de vente de cannabis, l’Allemagne verra naître de « clubs de cannabis » qui auront le droit de fournir à leur membres jusqu’à 50 grammes de cannabis par mois.

Personne n’est dupe et la meilleure drogue reste celle que l’on ne consomme pas. Mais il ne sert à rien d’appliquer une politique comme la prohibition dans les années 20 du siècle dernier aux Etats-Unis, de criminaliser une large frange de la jeunesse et de surcharger les tribunaux et les commissariats avec des montagnes de dossiers de petits consommateurs d’un joint le week-end. Bien sûr, l’abus de la drogue continuera à exister, la consommation de drogues dites dures ne cessera pas non plus. La légalisation ne résoudra pas tous les problèmes liés à la drogue. Mais les millions de consommateurs ne devront plus craindre pour leur CV, leur job ou leur avenir parce qu’ils ont fumé du cannabis.

Autre avantage de cette démarche – les temps deviendront durs pour les dealers qui perdront leurs clients et leur marché. Evidemment, des personnes criminelles ne deviendront pas des anges parce qu’ils ne vendront plus du cannabis. Ils se tourneront vers d’autres activités criminelles. Mais les points de deal dans les quartiers disparaîtront, comme le Cottbusser Platz à Berlin.

« J’espère », disait le ministre de l’agriculture Cem Özdemir, « que les clubs de cannabis constitueront une alternative attractive, permettant d’endiguer et d’affaiblir le marché noir ». Et l’Allemagne partage cet espoir.