Angela Merkel perd la main

Ah, le fédéralisme allemand – la chancelière n’arrive pas à imposer une stratégie anti-Covid fédérale face aux puissants ministre-présidents. Résultat : un chaos sans nom…

Angela Merkel a beau expliquer - quand les ministre-présidents ne veulent pas, ils ne veulent pas... Foto: European People's Party / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Le fédéralisme, c’est une très bonne chose. En temps normal. Actuellement, pendant la crise pandémique, le fédéralisme allemand pose un réel problème. Car de nombreux sujets relèvent de la compétence suprême des Länder, dont l’éducation. Pour imposer une stratégie nationale, Angela Merkel aurait dû invalider, au moins temporairement, ce principe fédéral, chose qui aurait été immédiatement contestée devant les tribunaux. Du coup, le gouvernement allemand peine à décréter des mesures au niveau national et le résultat en est une cacophonie qui fait que plus personne ne comprend la situation actuelle.

16 Länder, 16 stratégies différentes. Les Länder font ce qu’ils veulent, sans trop se soucier des autres. La question de la réouverture des crèches et des écoles est gérée différemment dans tous les Länder, tout comme la question de l’ouverture des magasins. Depuis la dernière rencontre entre Angela Merkel et les ministre-présidents, ces derniers annoncent chacun ses propres plans – ce qui posera de plus en plus de problèmes. Là où les magasins restent encore fermés, les gens se rendront dans le Land voisin où, éventuellement, les magasins sont ouverts. Les enfants du même âge ne rentreront pas au même moment à l’école : les uns reprennent encore au mois de février, d’autres au mois de mars, les uns en présentiel réduit, les autres en télé-enseignement et la situation s’échappe de plus en plus à tout contrôle national.

Idem en ce qui concerne le prolongement des mesures sanitaires, fixé maintenant au 7 mars. La chancelière, très inquiète par la propagation rapide de différents variants du virus en Allemagne, voulait imposer un prolongement jusqu’au 15 mars – mais les ministre-présidents n’ont pas suivi. Ce qui complique la situation davantage, ce sont les importantes élections régionales dans plusieurs Länder au mois de mars – du coup, les gouvernements sortants hésitent à imposer des mesures sanitaires, mais ils veulent, au contraire, briller en allégeant le plus rapidement possible les mesures. Histoire de pouvoir dire : « regardez, on fait tout pour que vous puissiez à nouveau vivre normalement. » Même si cette attitude risque de replonger les Länder dans la « troisième vague » que craint le gouvernement.

En temps normal, le fédéralisme allemand est une excellente forme d’organisation administrative. Ce système représente le contraire d’un état centralisé et permet, pour la plupart des sujets, une gestion proche des réalités du terrain. Mais dans cette crise sanitaire, ce même fédéralisme transforme le gouvernement fédéral en une sorte de tigre sans dents. Angela Merkel ne peut pas décider grande chose, son ministre de la santé Jens Spahn doit se limiter à formuler des « recommandations » qui sont suivies ou pas.

Mais la baisse que l’on observe actuellement dans plusieurs pays, n’est qu’une prise de vue instantanée. Beaucoup dépendra maintenant des différents variants qui circulent dans tous nos pays et dont on ignore encore beaucoup. Certains variants se propagent trois fois plus vite que le virus d’origine, mais ne mènent pas souvent à des maladies très graves ; d’autres se transmettent plus lentement, mais semblent déjà être immunisés contre les vaccins et sur d’autres, on ignore encore tout. Dans une situation aussi tendue, il serait souhaitable si le gouvernement pouvait décider des mesures, sans que les ministre-présidents puissent les invalider à souhait.

Considérant l’impossibilité de mettre d’accord 16 ministre-présidents et une chancelière, on comprend aussi l’incapacité de développer une perspective européenne. Car au niveau européen, c’est le même problème. Tout le monde parle de la nécessité de combattre la pandémie à l’échelle européenne avec une stratégie concertée, mais aucun pays n’entreprend de sérieux efforts pour lancer une telle approche.

Il ne faudra, malheureusement, pas compter sur les institutions européennes pour prendre une telle initiative européenne. La Commission est trop occupée à satisfaire les marchés financiers et les intérêts de l’industrie pharmaceutique, le Parlement Européen ne dispose pas des compétences pour lancer une approche européenne et au Conseil Européen, les chefs d’état et des gouvernements ne défendent que leurs intérêts nationaux.

Lorsque cette pandémie sera un jour maîtrisée, il faudra revoir le fonctionnement de nos systèmes politiques et administratifs – car en l’état, tous les systèmes touchent à leurs limites. Mais est-ce que ceux qui portent la responsabilité pour ces systèmes, auront la grandeur d’âme de révolutionner des systèmes dont ils profitent à titre personnel ? Il faut malheureusement craindre que le monde politique et administratif s’accrochera jusqu’au dernier moment à ces systèmes qui sont en train de démontrer leur manque d’efficacité.

4 Kommentare zu Angela Merkel perd la main

  1. C’est la cacophonie en Allemagne, sans doute, mais est-ce que la situation sanitaire en France, pays ô combien centralisé, est meilleure ?

    • Non, elle n’est pas meilleure. Force est de constater que toutes les stratégies nationales essayées depuis un an, ne fonctionnent pas. Quelque part, il serait logique de commencer à combattre une pandémie sur un plan européen…

  2. Wir leben in Zeiten einer Pandemie.

    Das betrifft alle und nicht nur die föderalen Systeme. Und alle, Föderalisten wie Zentralisten, weltweit, tun sich derzeit schwer, sinnvolle und wirksame Strategien zu entwickeln, zu begründen und umzusetzen. Manche wähnen sich gar im Krieg ..

    Schauen Sie sich doch einfach mal um.

    Das Beste wäre doch nun, diese unangebrachten Diskussionen über das föderale Sytem zu lassen und stattdessen über Fakten und Entwicklungen zu berichten. Das kommt einfach zu KURZ.

    Ich lese den Eurojournaliste, weil ich mich über Vorgänge und Entwicklungen in der Grenzregion möglichst objektiv informieren will. Nicht, um mich laufend mit wenig nachvollziehbaren Meinungsjournalismus zu befassen.

    • Die Feststellung, dass unser ansonsten sehr gute Föderalismus momentan ein riesiges Problem ist, ist die Feststellung einer Tatsache. Wir haben in der deutsch-französischen Grenzregion nicht weniger als 4 (!) verschiedene Corona-Verordnungen. Eine Bundesverordnung, und jeweils eine für BW, RP und das Saarland. Diese widersprechen sich teilweise und legen uneinheitliche Regeln fest, die zahlreiche Menschen massiv betreffen. Hier liegt der Fehler in der Systematik und es ist mehr als angebracht, dies zu thematisieren. Den Kopf in den Sand zu stecken und so zu tun, als sei alles in Ordnung, ist zwar eine Option, aber nicht unbedingt zielführend. Und wenn in dieser Situation auch so etwas wie Systemkritik nicht zulässig sein soll, in einer Situation, in der eben diese Systeme nicht funktionieren, dann ist das Ihre Meinung, die wir respektieren, nicht aber unsere.

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