La 9e grève en 6 mois des cheminots allemands commence aujourd’hui

Après la grève des chemins de fer allemands la plus longue (une semaine entière), le syndicat GDL veut remettre ça – pour la neuvième fois depuis le début du conflit social entre la Bahn et le GDL.

Deux semaines après sa grève record, le GDL annonce la 9e grève en 6 mois. Embêtant, mais le GDL ne fait que défendre son existence. Foto: bigbug21 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.5

(KL) – «On laissera les usagers des chemins de fer souffler un peu», disait le chef du GDL Claus Weselsky à la fin de la «grève record» qui s’était terminée le 10 mai dernier. Après une semaine de grève, les nerfs des usagers étaient effectivement à vif – surtout dans la mesure où une grève parallèle des éducateurs des crèches ajoutait à la difficulté de la population active de s’organiser. Mais ce «un peu» ne sera effectivement qu’un peu. Dix jours après cette grève contraignante, le GDL annonce une nouvelle grève, la neuvième depuis le mois de novembre. Dès aujourd’hui 15 heures, les conducteurs de trains de marchandises ne rouleront plus, suivis par les conducteurs de trains de passagers qui eux, lancent la grève à 2 heures du matin demain, mercredi. Si le GDL a raison de mener cette grève face à la Deutsche Bahn qui, depuis le début de ce mouvement social, ne se comporte pas de manière exactement légale, il devient de plus en plus difficile pour les Allemands de maintenir leur solidarité avec un syndicat dont l’action pénalise un nombre croissant de personnes. La durée de cette nouvelle grève ? Indéterminée. Les vacances de la Pentecôte risquent d’y passer tout comme la dernière journée en Bundesliga.

Le public allemand l’avait bien compris, déjà lors de la vague de grèves du mois de novembre dernier, lorsque Claus Weselskty avait forcé la main à la Deutsche Bahn de s’adresser aux tribunaux. Qui eux, étaient formels – non seulement, les grèves du GDL étaient justifiées, mais en plus, les tribunaux avaient invité la Deutsche Bahn à revenir dans le cadre légal.

La faute au GDL ? Si seulement les choses étaient aussi faciles que cela… si les usagers des trains sont réellement embêtés, force est de constater que c’est la Deutsche Bahn qui est responsable en dernier lieu de cette série de grèves. Car d’une part, elle ne cesse d’intoxiquer le public allemand avec de fausses informations qui ne deviennent pas plus vraies en les martelant avec une équipe de communication géante. D’autre part, la Deutsche Bahn joue la montre, en attendant que la nouvelle loi syndicale entre en vigueur, permettant à la Deutsche Bahn de choisir elle-même avec quel syndicat elle a envie de négocier les conventions sociales qui ensuite, devraient s’appliquer à l’ensemble du personnel syndiqué. On ne revient toujours pas de cette loi introduite par la ministre de l’emploi Andrea Nahles (SPD) qui coupe l’herbe sous les pieds de l’ensemble des petits syndicats ou de syndicats hautement spécialisés. Troisièmement, la Deutsche Bahn refuse depuis le début des négociations d’aborder toutes les questions qui font l’objet de la liste de postulats du GDL – mais c’est exactement ce qu’elle devrait faire. Imputer la responsabilité pour cette série de grèves au GDL, cela fait partie de l’intox. Une intox contre laquelle le GDL, avec ses deux personnes au service communication, ne peut rien faire. C’est David contre Goliath, en quelque sorte. Avec un David qui détient l’instrument le plus puissant dans ce mouvement social – la grève.

Mais si cette grève est justifiée, pourquoi faut-il la mener de cette manière sur le dos de la population qui, pour pouvoir se rendre au travail, est obligée d’utiliser les transports en commun, comme les trains régionaux ? Après huit grèves en six mois, il serait peut-être temps de changer de tactique, ne serait-ce que pour éviter que les Allemands se mettent à détester ce syndicat qui compte parmi les derniers à réellement défendre les intérêts de travailleurs. Ainsi, il aurait été parfaitement envisageable de limiter cette nouvelle grève au seuls trains de marchandises, ce qui aurait fait assez mal à la Deutsche Bahn, sans pour autant pénaliser toute un frange de la population – celle qui doit prendre le train pour aller travailler.

Oui, le GDL a raison et la Deutsche Bahn joue un jeu malhonnête. Puisque la nouvelle loi est pressentie entrer en vigueur avant la trêve estivale, la Deutsche Bahn retarde les négociations en espérant pouvoir les terminer dès que cette loi serait validée – à ce moment-là, la Deutsche Bahn continuerait à négocier avec l’EVG, syndicat concurrent au GDL et le GDL ferait partie de l’histoire du mouvement syndical allemand.

Les Allemands comprennent cela et ils comprennent aussi l’urgence de l’affaire. Toutefois, les gens qui se trouvent ainsi fortement limités dans leurs déplacements professionnels, qui commencent à avoir des problèmes au travail (les retards dus à des évènements comme les grèves sont imputés aux salariés en Allemagne), sont fatigués de cette corrida. Il faudra que le GDL se montre aussi solidaire avec le reste de la population active, s’il veut garder la solidarité de la population.

Les grèves se généralisent en Allemagne – outre les chemins de fer et les éducteurs et éducatrices dans les crèches, la Poste s’y met aussi. A croire que tout ne tourne pas aussi bien que cela dans ce pays qui aime bien se présenter comme le premier de la classe. Allez, le GDL, stoppez tous les trains de marchandises, mais maintenez le transport de passagers. Les pertes financières liées à une grève du fret, affecteront la Deutsche Bahn aussi. Sans pour autant faire en sorte à ce que la population se retourne contre le GDL. Qui, il faut le souligner, n’est pas vraiment le fautif dans cette histoire.

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