Après Trump – la Grèce…

La question de la dette grecque revient à la « Une » - dès que les médias n’auront plus envie de s’étaler sur le fantasque président américain, il conviendra de résoudre la situation en Grèce.

La question de la dette grecque revient à la "Une" des journaux... Foto: Mstyslav Chernov / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – On avait presque oublié le problème de la Grèce, tellement les élections aux Etats-Unis, mais aussi en France et en Allemagne avait accaparé notre attention. Pourtant, cet été, la Grèce doit à nouveau rembourser des milliards d’euros et même si les réformes en Grèce commencent à porter leurs fruits, la Grèce n’est toujours pas en mesure d’honorer cette dette et surtout pas les intérêts monstrueux appliqués. Car les « aides » accordées à la Grèce ont la fâcheuse tendance d’atterrir surtout dans les caisses des banques allemandes et françaises qui gagnent une fortune en appliquant des taux d’intérêts qui étranglent le gouvernement à Athènes. Que faire alors ?

Selon les experts, 90% des « aides » accordées à la Grèce depuis 2010, sont allés dans les caisses des banques – d’une part en remboursement de la dette effectivement contractées par les gouvernements qui précédaient la « Syriza », d’autre part en intérêts pouvant atteindre jusqu’à 20% pour certaines obligations. La misère grecque constitue donc une affaire hautement intéressante pour les pays qui soi-disant « aident » la Grèce.

Depuis le début de la crise, la Grèce a du, sous les commandes du FMI et de l’Union Européenne, privatisé environ toutes ses possessions capable de générer encore des bénéfices. Les économies réalisées proviennent surtout de coupures dramatiques dans le système social qui ont créé une extraordinaire misère parmi les plus démunis de la société grecque. Ajoutions à cela le fait que la Grèce, à l’instar de l’Italie, est le pays où arrivent la plupart des réfugiés de la Méditerranée et que l’Europe ferme généreusement les yeux face à cette situation très complexe pour la Grèce.

Mais qu’est-ce qu’on s’intéresse à des problèmes sociaux et humanitaires ? Là, il s’agit de rendre nos banques heureuses, donc, on va encore presser le citron grec, même si celui-ci est déjà vide ! Et pendant que nos responsables politiques, surtout les conservateurs allemands, se remettent à parler d’un « Grexit » que la Grèce ne souhaite pas, on continue à nous raconter ce joli conte selon lequel nous sommes en train « d’aider » la Grèce. Sur les 210 milliards d’euros versés à la Grèce depuis 2010, 9 milliards sont effectivement arrivés dans le budget grec. 1,5 milliards par an – et avec cet argent, les institutions financières espèrent que la Grèce puisse mener des réformes gigantesques. A titre de comparaison – seul le chantier du nouvel aéroport de Berlin (dont on ignore s’il ouvrira un jour…) a déjà coûté plus de 5 milliards d’euros.

Et du coup, on se souvient du refus du ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, toujours en première ligne lorsqu’il s’agit de mettre un gouvernement de gauche sous pression, de rembourser à la Grèce, le « crédit forcé » – pendant l’occupation, l’Allemagne nazie avait dévalisé la Banque Nationale de Grèce en encaissant ce « crédit forcé » de 472 millions de Reichsmark, une somme qui correspondrait aujourd’hui, selon des experts, à environ 11 milliards d’euros. L’Allemagne refuse même la discussion sur ce « crédit forcé » jamais remboursé, arguant que la République Fédérale n’était pas le successeur légal de l’Allemagne nazie. Ah bon ? Ce serait qui alors ?

La Grèce d’Alex Tsipras aura fourni des efforts énormes pour mener à bien des reformes et force est de constater qu’il n’est pas possible de baisser davantage le niveau social dans un pays où de nombreux services publics ont collapsé sous l’impulsion des pays européens et du FMI.

C’est le moment de redéfinir une véritable politique sociale et solidaire au niveau européen et d’éponger enfin la dette grecque. Les banques et les « marchés » ont gagné assez d’argent sur le dos de la misère en Grèce, il serait temps que l’Europe se montre solidaire en évitant d’exercer encore une pression insoutenable sur la Grèce. Cela pourrait constituer le début d’un nouveau projet européen – non pas axé sur les seuls bénéfices du grand capital et des banques, mais sur le bien-être des 500 millions d’Européens. Il serait temps.

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