ART Bâle 2015 – art, business ou les deux ?

Lors du grand salon des beaux arts à Bâle, des œuvres d’art ont changé de propriétaire pour des sommes atteignant les 50 millions de dollars. Comme si tout allait pour le mieux dans le meilleurs des mondes…

L'art n'est pas toujours facile à comprendre, comme l'oeuvre de Sam Falls "Untitled (Books for Jamie) / (c) Art Basel

(KL) – L’un des grands évènements du monde de l’art, c’est la ART Bâle qui avait lieu du jeudi au dimanche. De dizaines de milliers de visiteurs ont regardé ce qui se fait de mieux dans le monde des arts, mais il ne faut pas oublier que le but principal des galeries qui y exposent leurs œuvres, c’est de vendre. Ce qui n’était pas exactement dans les cordes de la plupart des visiteurs.

Un tableau de Mark Rothko a été proposé pour 50 millions de dollars, la «Femme d‘Alger» coûtait 16 millions de dollar (dans le monde international de l’art, la monnaie de choix est et restera le billet vert), un Keith Haring 5,5 millions, la «Héléna» de Margarete Dumas (actuellement exposée à la Fondation Beyeler à Bâle-Riehen) 3,5 millions et ainsi de suite. Le big business, quoi. L’art comme investissement à une époque d’instabilité financière.

Sinon, l’ART Bâle réservait aussi d’agréable surprises – des œuvres d’une grande qualité et pour les visiteurs qui venaient pour contempler et non pas pour acheter, ce week-end constituait une formidable occasion de voir l’art contemporain dans une sorte de courte exposition et ce, de manière plus que condensée.

Les grands de deux derniers siècles étaient là, de Warhol à Gioacometti, en passant par Picasso, Dix, Miró et les autres et ces grands noms représentent toujours des «valeurs sûres». Le choix devient déjà plus compliqué pour les collectionneurs lorsqu’il s’agit d’œuvres contemporaines qui tournent autour de sujets politiques, comme «Arab Spring» de Kader Attias. Une œuvre qui montre des vitres brisées, des pierres lancées, la destruction du patrimoine de la culture arabe par des extrémistes religieux.

Face à certaines œuvres, le visiteur se pose inévitablement la question «est-ce vraiment de l‘art ?», mais cette question est aussi vieille que l’art. Toutefois, la tendance des dernières années, à savoir une «politisation» de l’art, semble se confirmer. L’artiste a recours à l’expression artistique pour faire passer un message d’actualité, et cela n’a pas de prix. Cette attitude ne se collectionne pas non plus. Ce qui fait que ce courant d’art est un peu délaissé par le big business, mais ça aussi, ce n’est pas nouveau.

Mais aussi intéressant que ce salon puisse être, il montre aussi chaque année que le clivage entre ceux qui possèdent et ceux qui ne possèdent pas, s’agrandit de plus en plus. L’art confirme sa place comme un passe-temps des riches, les plus démunis sont et resteront exclu de ce genre de manifestation. Même si lors de l’édition 2015, une installation surprenante avait été érigée sur la place devant le Palais d’Expo bâlois. Rirkrit Tsiranana y avait installé une «cuisine à l‘air libre» où les visiteurs pouvaient manger gratuitement, à condition de participer au service et de faire la vaisselle. Histoire de jouer les pauvres, ne serait-ce qu’un court instant. Art ou cynisme ? Pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir un billet d’entrée pour 48 Francs Suisses, cette «cuisine populaire» était certainement une provocation. Pour les autres, il s’agissait d’une distraction parmi tant d’autres.

Peut être devrait-on, lors des éditions suivantes, songer à d’autres façons de gérer la question des inégalités sociales. Se moquer des pauvres, cela ne peut, en aucun cas, être de l’art. Autrement, l’ART Bâle 2015 était sans doute une belle édition. Intéressante et donnant lieu à de nombreuses discussions sur ce que c’est, l’art.

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