Autriche : et les sociaux-démocrates ?

Le courage, c’est bon !

Pamela Rendi-Wagner devant une assemblée de médecins du travail Foto: SPÖ Presse und Kommunikation/Wikimédia Commons/CC-BY-SA 2.0Gen

(Marc Chaudeur) – En Autriche, les élections législatives auront lieu le 29 septembre prochain. La candidate du SPÖ, Pamela Rendi-Wagner, peut-elle l’emporter ? Rien n’est moins sûr, malgré le discrédit dans lequel sont tombés les partis de l’ex-coalition droite – extrême-droite.

Le candidat conservateur sera Sebastian Kurz. Il devance la candidate SPÖ de 18 points, pour l’instant. Le SPÖ, c’est-à-dire le parti social-démocrate, a choisi de défendre une vision du monde (sinon un programme) nettement à gauche : dans la polémique et dans les quelques mesures proposées. Elles sont essentiellement au nombre de 4 : la reprise du dispositif Aktion 20 000, que la victoire de la droite avait interrompue en 2017 et qui veut donner 20 000 emplois aux seniors (les plus de 50 ans). Une mesure typique de ce qui coûte cher, mais qui peut rapporter gros au pays… Et puis 5 000 enseignants supplémentaires seront recrutés, un nombre important de médecins aussi ; et puis une journée hebdomadaire dans les jardins d’enfants, ainsi qu’un ticket quotidien de 3 euros  pour inciter les Viennois et les Autrichiens en général à prendre le tram et le bus.

Cela suffira-t-il à renverser la vapeur ? Rien n’est moins sûr. Malgré la gravité de la crise d’avril dernier après la publication de la vidéo montrant Hans Christian Strache, grand discoureur patriotard, vendre la moitié de l’Autriche aux Russes, le FPÖ, son parti, reste crédité de 20 % des votes… Le parti conservateur VPÖ et son candidat Sebastian Kurz, qui a démissionné de son poste de chancelier le 20 mai, sont crédités de 38 % des votes. Son charisme, sa popularité et son traitement de la question migratoire semblent persister à lui assurer une avance confortable. Mais les sociaux-démocrates tireront argument d’un certain nombre de décisions antisociales prises par la coalition turquoise (droite-extrême-droite). Et les électeurs tiendront rigueur à ses dirigeants de leur indifférence vénale  aux problèmes écologiques, et surtout, du déni public par Strache de la responsabilité humaine dans la destruction du climat !

La candidate du SPÖ a été choisie le 13 juillet dernier : il s ‘agit de Pamela Rendi-Wagner, qui dirigeait le parti depuis un certain temps déjà. Cette jeune femme au nom de syndrome, âgée de 47 ans, médecin, a fait une partie de ses études à Londres et vécu 3 années en Israël. Elle occupait le poste de ministre de la Santé lors du précédent mandat social-démocrate, en 2017, avant la victoire de Kurz. Son slogan de campagne et celui de son Parti : MUT FUR ÖSTERREICH. GUT FUR ÖSTERREICH ! (« Courage pour l’Autriche, bon pour l’Autriche »). Servus !

A côté des grands partis, quelques formations à rayonnement plus restreint influenceront cependant dans une mesure  importante le débat politique des prochains mois. Bien sûr, ce sera le cas des Grünen, crédités de 10% environ. Les Verts autrichiens ont fait un score inespéré lors des dernières Européennes, puisqu’ ils ont bondi de … 4% lors des législatives de 2017 à 14% en mai 2019 ! Le contexte idéologique et médiatique est très porteur pour eux – et la mobilisation des jeunes très forte, comme dans à peu près toute l’Europe . Mais ils pâtiront, malheureusement, d’une scission aberrante due à des querelles de préséance, qui ont donné naissance en 2017 au petit parti Jetzt (Maintenant), que mène Peter Pilz.

A côté de ces deux formations écologistes, le parti Neos, fondé récemment, jouera lui aussi un rôle important. Le parti de Beate Meinl-Reisinger défend une ligne libérale – surtout au sens économique du terme… contre la droite dure du VPÖ et du FPÖ. C’est un parti qu’on peut caractériser sociologiquement comme celui des patrons, analogue au FDP en Allemagne,et qui a notamment défendu l’allongement de la durée maximum de travail quotidien à 12 heures.

Reste la question épineuse par excellence, celle qui fait le partage, qu’on le veuille ou non : la question migratoire. Les Autrichiens y restent très sensibles, comme tous les autres peuples européens, d’ailleurs… Dans ce cas, il y a plusieurs attitudes à adopter pour les sociaux-démocrates : se draper dans les draps blancs de la vertu virginale, se montrer pragmatique et adopter des mesures… mesurées et réfléchies, ou bien, comme le parti social démocrate danois, opter pour une ligne démagogique dure pour couper l’herbe sous les pieds de la droite et… faire sa politique. Ce qui est payant électoralement, mais stérile, coûteux et dangereux socialement.

Espérons que le SPÖ choisira la seconde de ces voies. Espérons aussi que Pamela Rendi-Wagner, sa tête de liste et sa dirigeante, choisira une ligne plus offensive que celle qu’elle manifeste actuellement !

 

 

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