Belarus : Lettre d’une Mère pour son fils

Pas de catastrophe majeure aujourd’hui…

Dans la Chaîne de 50 000 personnes en Lituanie, Dalia Grybauskaite, ancienne présidente de la République Foto: Delfi/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – Hier dimanche, pas de catastrophe. La Chaîne de solidarité qui a relié le centre de Vilnius, la capitale de la Lituanie, à la frontière bélarusse à quelques dizaines de kilomètres, a remporté un beau succès. 50 000 personnes se sont rassemblées jusque là, tandis qu’un défilé de motos en faisait de même. Samedi, on a pu lire dans un des meilleurs médias bélarusses libres, tut.by, la Lettre d’une Mère adressée au gouvernement et concernant son fils. Nous en reproduisons la traduction du début et de la fin. Ce fils est élève à l’Académie du ministère de l’Intérieur et se destinait à devenir officier de police.

« (…) Ma lettre est un cri de désespoir. Ces derniers jours, j’ai pleuré ; et pas seulement parce que le rêve de mon fils de servir le peuple a été détruit. Je ne sais plus où me mettre à cause de de l’anxiété, de la colère, de l’impuissance, de la peur que j’éprouve pour chaque habitant du pays. Par conséquent, je veux montrer le revers de la médaille et faire appel à tous les parents de Bélarus. Mais en particulier aux mères de cadets. (jeunes officiers en formation, NdT).

« Nos enfants ne sont pas encore impliqués dans la répression des manifestants. Beaucoup d’entre eux, y compris mon fils, ont également réussi à échapper aux rassemblements de soutien au gouvernement actuel. Mais le mal n’est pas seulement arrivé à des familles civiles : nos garçons sont honnis comme des criminels.L’honneur de l’uniforme est tellement terni que celui du ministère de l’Intérieur rend une personne dangereuse aux yeux de la population. Les visages des gens changent quand la police passe ? On lit l’horreur même dans les yeux des enfants (…)

«  Ce qui se passe maintenant est un chaos produit par des bandits ! Les gens meurent et disparaissent. Tous les récits des témoins oculaires n’ont pas été publiés, et et tous les disparus ne sont pas rentrés chez eux. Il est effrayant d’imaginer le nombre de détails horribles qu’il nous reste à apprendre . Tout cela se passe au cœur de l’Europe, au XXIème siècle – il semble que nous soyons plongés dans un cauchemar sans fin, et sans aucune chance de nous réveiller.

«  Mère des cadets ! Nous n’avons pas élevé nos fils pour en faire des bourreaux.Nos enfants sont allés à l’Académie pour protéger le pays et la paix du peuple.C’est au peuple qu’ils ont prêté serment. Mais après l’obtention de leur diplôme, nos fils devront travailler dans un système qui, croyez moi, en brisera beaucoup. Vous et moi ne pourrons regarder nos voisins dans les yeux, car beaucoup d’entre eux voient nos fils comme une menace et des ennemis. Imaginez ce qui se passera ensuite.

«  Officiers ! Des jeunes gens qui croient que vous savez ce que vous faites. Ils ont suivi vos traces, rêvant comme vous de servir avec foi et vérité.Montrez un exemple de courage et aidez à retrouver l’honneur de l’uniforme. Rappelez vous comment vous rêviez de vous rendre utiles aux gens. S’il vous plaît, ta,t que tout est encore réparable, agissez ? Aidez à traduire les coupables en justice, obtenez justice, ne suivez pas les ordres criminels. Après tout, nous, les mères, étions si fières de vous que nous vous avons confié nos enfants.

«  Oui ! Nous devrons tous nous laver pendant très longtemps. Tous. Des plus petits – des employés du logement et des services communaux, qui ont enlevé les bancs pour qu les observateurs indépendants ne puissent pas s’y asseoir – jusqu’aux plus hauts fonctionnaires.

” Mais ce n’est pas le moment de pleurer. Nous devons nous souvenir des valeurs humaines universelles et nous unir pour avoir la possibilité de continuer à nous considérer comme humains. »

(La Lettre ne porte pas le nom de son auteur, pour des raisons simples à comprendre.)

 

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