«Boomerang», le nouveau film de François Favrat est sorti

Notre expert Nicolas Colle a fait parler le metteur en scène de son film qui est dense, émouvant, haletant et que notre expert vous recommande d’aller voir absolument !

"Boomerang" tisse son histoire autour d'un secret de famille qui revient à la surface. Un très beau film. Foto: Distribution

(Par Nicolas Colle) – Cette semaine est sorti «Boomerang», le nouveau film de François Favrat. On y suit le personnage d’Antoine, un père de famille approchant la quarantaine, qui se décide enfin à lever un voile sur son passé, en essayant de comprendre les circonstances dans lesquelles sa mère s’est noyée sur l’île de Noirmoutier alors qu’il n’avait que dix ans. Mais en approchant de la vérité, Antoine va peu à peu révéler un secret de famille inavouable et mettre chacun de ses proches face à ses mensonges et ses contradictions.

Silence et Mensonge. – Ce beau film, émouvant, prenant, haletant, juste et sincère, est une adaptation du roman homonyme de Tatiana De Rosnay comme le metteur en scène n’a pas manqué de le rappeler : «Je souhaitais tourner un film autour de la thématique du secret de famille. Puis j’ai lu le livre de Tatiana et plein de choses se sont mises à raisonner en moi. Je connais beaucoup de gens, des amis, des connaissances ou mêmes des inconnus, qui aimeraient poser des questions à leurs parents mais qui n’osent pas déterrer une sorte de tabou familial. Mais ce qui est troublant, c’est que ce silence, ce voile que l’on pose sur les événements du passé, peut avoir des conséquences graves sur le présent des gens

À la croisée des genres. La grande habilité de ce long métrage, c’est qu’il parvient à nous plonger dans une sorte d’enquête policière mais avec des enjeux intimes liés au personnage principal. Ce qui renforce l’émotion du film et intensifie également son suspens tout en nous rappelant l’élégance et la justesse de cinéaste comme Alfred Hitchcock et Claude Sautet : «C’est vrai que Sautet est une grande référence pour moi car il y a une telle profondeur humaine dans ces films. Et Hitchcock bien sûr, parce qu’il sait mener une intrigue en amenant le spectateur à découvrir des choses tout en l’envoyant sur des fausses pistes. D’ailleurs pour ce qui était de mêler l’aspect policier et émotionnel, ma grande référence était Rebecca. Le décor de l’île de Noirmoutier a également une dimension Hitchcockienne, avec ces falaises qui se font dévorer par la mer, ces maisons au bord de l’eau, et puis cette route qui apparaît à marée basse et disparaît à marée haute, avec tout ce que ça a de menaçant. Sans compter la métaphore que cela incarne sur le passé caché, enfoui, qui disparaît puis réapparait…».

En somme, une dimension policière et intime dans la lignée des films du maître du suspens mais également une élégance, une profondeur et une justesse chez les personnages et dans leur rapport dignes du grand Sautet : «Le personnage d’Antoine est très angoissé, du fait qu’il ne s’est jamais confronté à la perte de sa mère et à tout le mystère qui l’entoure. Mais sa rencontre avec le personnage joué par Audrey Dana le pousse à aller au bout de sa quête. Ces deux là sont séduits l’un par l’autre car ils ont tous deux vécu une perte terrible qu’ils ont choisi de fuir durant de longues années. A la différence que elle, a finalement choisi de s’y confronter. Donc le chemin que lui a à parcourir, elle l’a déjà fait et l’incite à le faire

Des comédiens épatants. – Une justesse et une émotion que l’on doit notamment à de formidables comédiens, que l’on redécouvre presque dans ces rôles où on ne les attendait pas. Ainsi, Laurent Lafitte nous prouve encore une fois qu’il n’a pas que de l’humour à revendre, alors que Mélanie Laurent est confondante d’émotion pure. Quant à Audrey Dana, on en tomberait presque amoureux, tant elle peut être craquante. Laissons le metteur en scène en témoigner :

«Pour le rôle d’Antoine, je tenais à avoir Laurent Lafitte car je sens depuis longtemps qu’il a une double palette, qu’il peut être léger et grave à la fois. Quant à Mélanie Laurent, qui interprète sa sœur, je voulais lui donner un rôle un peu à contre-emploi. J’aime chercher chez les comédiens ce qu’on a jamais vu d’eux. Donc ici, c’est une sorte de fille à papa, mal dans sa peau, ayant des difficultés à se lier à d’autres hommes. Elle aussi est bloquée par son passé familial, à la différence que contrairement à Antoine, elle fait semblant de s’en accommoder. Elle essaie d’esquiver son histoire personnelle mais c’est impossible. Tu as beau cherché à oublier ton passé, si tu ne règles pas certaines choses, elles finissent par te revenir en plein visage tel un boomerang. D’où le titre du film, bien sûr. En tout cas, je sentais chez Mélanie, un potentiel émotionnel très fort et je savais qu’on croirait à la relation fraternelle, tendre et complice qu’elle et Laurent allaient donner à leurs personnages. Quant à Audrey, j’avais besoin d’une fille pleine de vie, pétillante et ayant de l’énergie à revendre car elle devait insuffler à Antoine cette volonté d’aller de l’avant.»

Se parler avant tout. – Voilà donc un film soigné, élégant, émouvant, qui laisse la part belle à ses personnages et leurs interprètes. Tout en mélangeant habilement les codes du film intime à ceux du film policier, et qui a également le mérite de faire passer un message humain, sans jamais verser dans une quelconque morale, sur la nécessité de se confier à ses proches :

«Le film raconte comment le modèle du silence peut se répéter d’une génération à l’autre dans une famille. J’aime particulièrement une phrase qui est dite dans le film : ‘Ce qui est tût, tue !’. Donc si Antoine ne brise pas très vite cette spirale du silence et du mensonge, il peut se produire autour de lui, des événements dramatiques comme un accident, une blessure ou même une maladie. En tout cas, il ya là quelque chose de néfaste qui est en route et auquel, il faut mettre un terme. Mais bon, après il faut aussi savoir qu’à l’époque où Antoine et sa sœur étaient enfants, les parents ne parlaient pas à leur progéniture. Et même si aujourd’hui, l’éducation et les modes de transmission ont changé, il y a encore des sujets de fonds que l’on cherche à éviter dans certaines familles. Je pense que le sujet du film, c’est surtout la tolérance, le fait de s’accepter, d’accepter les autres et surtout de se parler.»

Donc, sur ces mots, parents et enfants, n’attendez plus et courez-y…

Pour visionner la bande annonce de ce film sur YouTube, CLIQUEZ ICI !

Affiche : Distribution

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