Boris Johnson dit « tapis » et risque de tout perdre

On dirait que le premier ministre britannique s’amuse – mais sa tentative d’éteindre la voix du Parlement et donc, de la démocratie, pourrait se retourner contre lui.

Les ennemis de la démocratie entre eux. Lequel est le pire ? Foto: The White House from Washington, DC / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Boris Johnson vient de changer de statut – d’un « danger potentiel » pour la démocratie, il s’est maintenant transformé en « danger imminent » pour la démocratie. Le premier ministre, élu par 93 000 Tories ultranationalistes, a sommé la Reine Elisabeth II de suspendre les séances du Parlement britannique du 9 septembre au 14 octobre, date à laquelle il oblige ainsi la Reine de prononcer un « Queen’s Speech » détaillant la politique du nouveau gouvernement. Face à l’énormité du fait d’impliquer même la Reine dans la réalisation de ses plans sordides, le monde politique britannique commence à s’organiser – même au niveau des Tories où un nombre croissant des « amis politiques » de Boris Johnson commence à comprendre qu’ils ont catapulté un antidémocrate aux comportements dictatoriaux à la tête du gouvernement. Il reste un mince espoir que le Parlement puisse encore mettre un terme à ce cauchemar.

La Reine Elisabeth II ne pouvait pas refuser la « prorogation » demandée, car les us et coutumes de la Grande Bretagne veulent que la Reine n’intervienne en aucun cas dans la politique du pays – et par ce biais, elle devient une marionnette entre les mains de Boris Johnson, abusée pour un plan qui prévoit en tout premier lieu, la désintégration du Royaume Uni. Quelle farce ! Le parti de Boris Johnson, les Tories, paieront cher cette erreur de casting qu’est ce jouer de poker politique, car la seule issue de cette attaque brutale sur la démocratie sera une motion de confiance contre le Premier ministre dès la séance de rentrée du Parlement la semaine prochaine – ce qui équivaudrait à la perte du pouvoir des Tories. Mais devant le choix d’être responsable de la fin du Royaume Uni avec toutes les conséquences qui vont avec et la perte (momentanée ?) du pouvoir, un nombre croissant de députés des Tories se range du côté de ceux qui demandent le vote de confiance contre Boris Johnson.

L’intéressé, lui, montre qu’il n’a toujours pas compris ce qu’il est en train de faire. Interrogé par un journaliste de « Sky News », Boris Johnson a dit « Nous sommes en train de développer un nouveau programme législatif concernant la lutte contre la criminalité, les hôpitaux et pour faire en sorte que nous disposions des budgets nécessaires pour l’éducation », tout en ajoutant qu’il y aurait « beaucoup de temps pour les députés à discuter du Brexit avant et après le sommet de l’Union Européenne le 17 octobre à Bruxelles ». Soit l’homme est un malade mental, soit il est le plus grand danger que le Royaume Uni avait à affronter depuis les bombardements de l’aviation nazie.

Maintenant, c’est au « House of Commons » d’agir. Seuls les députés, toutes sensibilités politiques confondues, peuvent encore arrêter cet homme et son sinistre plan de pousser la Grande Bretagne dans son « hard Brexit » dont les conséquences désastreuses se montrent chaque jour un peu plus, autant par une instabilité économique croissante que par de nouvelles violences qui se produisent de plus en plus souvent le long de la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord.

Ce que Boris Johnson impose à son parti est un choix cornélien. Il est évident qu’en renversant Boris Johnson, les Tories doivent renoncer au pouvoir pour une longue période. Mais puisqu’il s’agit de la seule façon de sauver le pays, il y a de fortes chances que les députés conservateurs le feront, en grinçant des dents.

La Première Ministre écossaise Nicola Sturgeon a annoncé la couleur, en disant que les députés doivent maintenant se concerter pour agir dès la réunion de rentrée la semaine prochaine qui pourrait être la seule et dernière occasion pour destituer Boris Johnson comme premier ministre britannique. Même si certains Tories, comme le chef du parti James Cleverly, estiment qu’il n’y a rien de particulier à cette démarche (« c’est ce que font tous les nouveaux gouvernements »), le bon sens semble également se frayer son chemin vers son parti. Dans la mesure où Boris Johnson ne peut pas annuler légalement la tenue de cette réunion de rentrée, les députés auront une chance de mettre un terme à son gouvernement. Une seule chance. Mieux vaut ne pas rater celle-ci comme toutes les autres.

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