BRICS est devenu BRICS+

Depuis le 1er Janvier 2024, l'organisation BRICS ne compte plus 5 états-membre, mais 10. Et cette organisation représente aujourd'hui déjà la moitié de la population mondiale.

Tous les pays en bleu sont déjà ou deviendront des membres des BRICS+. Il serait temps de prendre cette évolution au sérieux. Foto: Peter Njeim / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Dans les pays occidentaux, ce changement est presque passé inaperçu – les états BRICS s’appellent depuis le 1er Janvier 2024 BRICS+ et comptent désormais 10 membres et d’autres états ont déjà fait savoir qu’ils souhaitent également rejoindre cette structure qui est la plus puissante du monde. Mais l’Occident ignore l’évolution autour de cette structure en estimant même que les « BRICS » perdent de leur dynamique. L’ignorance dans les bureaux des institutions européennes concernant cette structure puissante est bluffante.

Aux cinq pays fondateurs qui sont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, s’ajoutent depuis le 1er Janvier, l’Arabie Saoudite, l’Égypte, les Émirats Arabes Unis, l’Éthiopie et l’Iran. On note l’adhésion des pays producteurs d’énergies fossiles qui complètent les puissances qui se sont déjà unies. Il est évident que le centre du pouvoir mondial s’est décalé vers l’Est, même si à Bruxelles et dans d’autres capitales occidentales, on n’arrive toujours pas à prendre les BRICS+ au sérieux.

Fin 2023, le sommet des états BRICS avait drainé les représentants de plus de 190 pays à Beijing, y compris les chefs des gouvernements d’une vingtaine de pays. Déduire de ce sommet que les BRICS perdraient de leur dynamique, il faut le faire.

L’ignorance occidentale de cette structure mondiale est surprenante. Mais visiblement, on refuse d’y croire. Ainsi, le plan ukrainien-suisse d’organiser un « sommet pour la paix » sans la Russie, mais en invitant la Chine, montre qu’on n’a toujours pas compris ce que BRICS veut dire. Les Occidentaux se trompent en pensant pouvoir tirer la Chine de leur côté – ils ne feront rien pour froisser leurs partenaires qui sont la Russie et l’Iran, par exemple.

Economiquement, politiquement et militairement, les BRICS+ représentent la seule super-puissance pour les décennies à venir. Assurant déjà aujourd’hui 27% du PIB mondial (contre 44% pour les G7), force est de constater que les BRICS+ sont des pays en voie de croissance, tandis que les G7 (qui ne disposent d’aucune structure opérationnelle) se trouvent plutôt en déclin. Et il ne faut pas oublier que de nombreux autre pays ont déjà fait savoir leur souhait de rejoindre cette structure. Seule l’Argentine, après l’élection de son fantasque président Javier Milei, a retiré sa demande d’adhésion pour intensifier sa coopération avec les Etats-Unis.

Les pays suivants souhaitent également rejoindre les BRICS+ : l’Algérie, le Mexique, la Corée du Sud, le Bahreïn, le Bangladesh, la Biélorussie, la Bolivie, Cuba, le Honduras, l’Indonésie, le Kazakhstan, Koweït, le Nigéria, la Palestine (!), la Serbie, le Sénégal, la Thaïlande, le Venezuela et le Viêt Nam. Lors du prochain sommet des BRICS+ à Kazan en Russie, de nouvelles adhésions seront décidées et il est intéressant de noter que bientôt, les BRICS+ contrôleront la quasi-totalité des énergies fossiles dans le monde. Mais bon, à Bruxelles, nos « experts » estiment qu’il ne faille pas prendre cette évolution au sérieux, puisque les BRICS+ seraient en train de perdre leur dynamique. Il est assez incroyable que les fonctionnaires qui arrivent à de telles conclusions, soient grassement payes…

L’Occident devrait commencer à prendre cette évolution au sérieux, surtout dans la mesure où plusieurs pays se rapprochent des BRICS+ qui auparavant, se situaient plutôt proche de l’Occident, comme la Turquie ou la Corée du Sud.

A partir de la prochaine extension des BRICS+, cette structure deviendra aussi le numéro 1 de l’économie mondiale et plus tôt on accepte cet état des faits, plus tôt il sera possible d’élaborer des stratégies de coopération. Car l’Occident ne pourra pas se permettre d’ignorer la puissance en gestation que sont les BRICS+. Mais d’ici là, nos « experts » continueront à nous mentir en minimisant l’émergence de la plus puissante structure du monde. Il est vrai qu’il est plus facile de suive aveuglement les Américains, tout en s’auto-persuadant que l’Europe serait encore une puissance incontournable. Le rêve de la domination occidentale sur le monde touche à sa fin et cette évolution, il vaudrait mieux l’évaluer avec réalisme, ne serait-ce que pour éviter de nous prendre les BRICS+ en pleine figure.

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