« BRICS plus » devient une réalité

Le 1er Janvier 2024 verra la naissance des « BRICS plus ». Six pays rejoignent les cinq membres fondateurs et donneront encore plus de poids à cette organisation puissante.

A Johannesburg, les nouveaux maîtres du monde avaient toutes les raisons pour afficher de grands sourires... Foto: 15th BRICS summit / Wikimedia Commons / CC-PD Mark 1.0

(KL) – Bon, ce n’est pas vraiment une surprise. Les états BRICS, donc le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud acceptent six nouveaux membres et pas les moindres : L’Arabie Saoudite, l’Argentine, l’Egypte, l’Iran, l’Ethiopie et les Emirats Arabes Unis. Et contrairement à ce qu’écrivent de nombreux médias, il ne s’agit plus d’une union de pays émergents, car il faut fermer les yeux pour pouvoir désigner des pays comme la Chine, l’Arabie Saoudite ou l’Iran de « pays émergents ».

« Mais ces pays ont souvent des positions divergentes », on se réjouit à l’Occident en pensant que cela stoppera la dynamique dont font preuve les états BRICS. En Europe, on devrait se passer de ce genre de commentaire, dans une Union Européenne qui se paralyse sur quasiment tous les dossiers importants, car les 27 ont des positions divergentes sur tout. Pourtant, l’évolution de cette structure BRICS, plus personne ne l’arrêtera. Déjà lors du prochain sommet BRICS en octobre 2024 à Kazan en Russie, d’autres pays pourraient se joindre à cette structure qui, à partir de 2024, représentera plus que la moitié de la population mondiale.

Les objectifs de « BRICS plus » ne sont pas un secret. Le président de l’Afrique du Sud Cyril Ramaphosa les a clairement formulés : « Les nouvelles réalités nécessitent une réforme fondamentale des institutions de la politique de l’ordre mondial, pour que celles-ci deviennent davantage représentatives et pour pouvoir mieux réagir aux défis dont l’humanité doit faire face ». Rien que ça. Reste la question de la place de l’Occident dans cette évolution.

L’Europe, et précisément l’Union Européenne, doit maintenant développer une stratégie pour gérer à l’avenir, les relations avec une structure devenue incontournable. Ceci nécessite aussi de « normaliser » les relations avec les Etats-Unis, car l’Europe se doit d’être plus que le caniche des Américains qui sont en train de se manœuvrer dans une situation dangereuse. Dans une « guerre économique », les USA n’ont pas de bonnes cartes contre ce monstre nouveau-né, surtout en considérant qu’une bonne partie de l’économie américaine se trouve déjà entre les mains des Chinois.

Le nouvel ordre mondial, fondé sur un totalitarisme inquiétant, ne correspond pas aux idéaux longtemps défendus par l’Europe. S’il est vrai que l’Europe s’est éloigné de ces idéaux, comme la démocratie qui a cédé la place dans beaucoup de pays européen à des systèmes autoritaires et peu représentatifs, le nouvel ordre mondial ne promet rien de bon. L’impérialisme occidental sera remplacé par un impérialisme encore plus brutal, ) la différence que ce ne sera plus l’Occident qui exploitera le reste du monde.

Est-ce que l’Occident commence maintenant à prendre les BRICS au sérieux ? Est-ce qu’on arrive à suivre ces changements et la descente en Ligue 2 sur l’échiquier mondial ? Désormais, il s’agira d’agir et d’agir vite, si l’Europe ne veut pas se condamner elle-même à devoir se limiter à réagir à ce que d’autres décideront.

En effet, le sommet de Johannesburg a déclenché des changements majeurs. Il serait bien si l’Europe ne restait pas dans le déni.

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