Cameron, Merkel & Cie. – vive la démocratie !
Les chefs des états européens montrent actuellement qu’ils se fichent pas mal des électeurs européens. Ils dirigent l’Europe comme des monarches.
(KL) – David Cameron a déjà oublié les élections européennes de dimanche dernier. En Grande-Bretagne, comme dans les autres pays, on avait leurré les électeurs aux urnes en leur miroitant qu’ils n’allaient voter non seulement pour la composition du prochain Parlement Européen, mais également pour le prochain Président de la Commission Européenne. Pourtant, le vote des Européens ne semble pas trop les intéresser. Si le Parlement Éuropéen a mandaté le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker à trouver une majorité pour sa candidature, le Premier Ministre britannique a annoncé «qu’il ne pouvait pas garantir le maintien de la Grande Bretagne dans l’UE si Juncker devait être élu.» Le manque de respect de la part des dirigeants pour le vote des peuples devient flagrant.
Si on comprend les raisons qui poussent Cameron à rejeter Juncker («Une tête des années 80 ne pourra pas resoudre les problèmes des cinq ans à venir»), le Premier Ministre britannique arrive un peu tard avec cette attitude. L’acceptation du candidat peu aimé par la chancelière allemande Angela Merkel traduit le même mépris du vote des citoyens européens. Si elle a, sous une énorme pression publique, fini par accepter Juncker, elle n’avait ni à hésiter, ni à l’accepter. La désignation de Juncker avait été décidée par les électeurs européens.
Pendant plusieurs mois, la campagne électorale pour les élections européennes avait été basée sur le caractère exceptionnel de ce scrutin – «pour la première fois, ce sont les Européens qui désigneront le prochain Président de la Commission Européenne», pouvait-on entendre et lire partout. Il aurait été plus correct de dire que les Européens pourraient, dans le meilleur des cas, contribuer à désigner les candidats à ce poste important, mais que les chefs des états allaient décider comme bon leur semble.
Nous voilà devant une nouvelle crise européenne, une crise constitutionnelle (même si l’Europe n’a pas de constitution…). La Grande Bretagne menace l’Europe de sa sortie. Une perte pour l’Europe ? Perdre un état-membre qui ne participe à rien, qui se fait rembourser ses contributions financières et qui veut décider de tout ? Certainement pas. Si la Grande Bretagne souhaite quitter l’UE, comme elle l’annonce depuis des années, qu’elle parte. Dans moins de quatre mois, les Ecossais vont voter leur indépendance et par le même biais, leur adhésion à l’UE. L’Europe pourrait donc «troquer» la Grande Bretagne contre l’Ecosse. Pourquoi pas. On ne perdra pas au change.
Mais il convient également de mener un débat sur le rôle des différents acteurs sur l’échiquier européen. L’Europe, ce n’est pas la Reine Angela et les autres, l’Europe n’est pas une structure qui devrait se moquer de ses citoyens de la sorte. La montée des forces extrémistes en Europe est aussi la conséquence d’un éloignement des institutions du monde citoyen. Les élections étaient censées sortir l’Europe d’une crise de sens et de donner de nouvelles orientations. Au lieu de cela, nos dirigeants ont poussé l’UE vers une nouvelle crise. A quand le renouvellement intégral de cette caste politique qui casse tout ?
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