Céline Geissmann, évincée de l’exécutif à Strasbourg

Céline Geissmann lors de sa conférence de presse mardi. Foto: Elise Arfeuille / Eurojournalist(e)

(Elise Arfeuille) – Un communiqué de presse publié par la mairie, lundi 29 novembre, annonce l’éviction de Céline Geissmann, adjointe au maire à la citoyenneté européenne et à la Ville numérique. La jeune socialiste de 29 ans, membre du groupe politique « Faire ensemble Strasbourg », a décidé de s’exprimer sur ce point, lors d’une conférence de presse, mardi 30 novembre.

Céline Geissmann, n’a été tenue au courant de son départ, qu’une heure avant la parution du communiqué de presse, ce qui l’a surprise. Pour elle, c’est une décision « brutale », « sans concertation préalable », qui s’est faite « de façon unilatérale ». Ce choix fait pourtant suite à la démission de deux élues du conseil municipal, issues de la majorité verte : Ada Reichhardt et Julia Dumay. Les raisons données sont d’ordre « professionnel et personnel ».

Mais la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, évoque d’autres points, concernant le départ de son adjointe socialiste : « J’ai demandé à Céline Geissmann de clarifier sa position. (…) Je n’ai pas eu de réponse de sa part qui soit à la hauteur de l’enjeu (…) ». Car selon la maire : « les membres du groupe ‘Faire ensemble Strasbourg’ affirment ne plus faire partie de la majorité ». Mais Céline Geissmann se permet de rétorquer que son groupe politique n’avait jamais été soumis à une quelconque « allégeance » au groupe majoritaire de l’exécutif. Jeanne Barseghian lui aurait demandé de rejoindre son équipe, sans considération pour son orientation politique, mais bien pour son engagement, en tant que citoyenne.

Jeanne Barseghian ne s’arrête pas là, afin d’expliquer le départ de Céline Geissmann. Toujours dans le communiqué de presse, elle « exige de son équipe (…) constance dans leur travail, sens du collectif et responsabilité. ». Ces reproches ainsi formulés, sont, pour Céline Geissmann, des « tentatives d’explication », mais infondés : « Pour ce qui de la constance, je pense avoir été force de propositions, j’ai toujours cherché des solutions et des réponses pour nos concitoyens. En ce qui concerne le collectif, il m’a toujours tenu à cœur de travailler en cohésion avec les autres membres de l’exécutif, d’associer les équipes, comme pour le projet du Shadock. »

Et c’est d’ailleurs le troisième point sur lequel revient Céline Geissmann, à propos de la « responsabilité » qui lui aurait fait défaut. « J’ai mis en place une permanence numérique pendant les confinements, afin d’assurer à chacun un accès égale à internet, système qui s’est pérennisé depuis, j’ai piloté le projet Agora, ainsi que la restauration du Shadock, entre autres ». Céline Geissmann insiste sur l’investissement dont elle a fait preuve et affirme qu’elle continuera, en ce sens, à s’investir pleinement aux côtés de ses collaborateurs et des concitoyens, peu importe si elle n’est plus adjointe.

Pendant la conférence de presse, la conseillère municipale reste calme, elle ne semble pas surprise, en fin de compte, qu’une telle décision ait été prise, même si, selon elle, le moment choisi semble incohérent. « Jeanne Barseghian aurait pu me retirer mes fonctions d’adjointe à deux reprises. Je n’ai jamais été en conflit avec elle ou en désaccord de fonds avec l’exécutif, si ce n’est en mars dernier, à propos de la motion sur l’antisémitisme et sur la question du stationnement, en septembre. »

Aussi, est-il difficile de cerner ce qu’entend la maire, dans le communiqué de presse, quand elle indique que « sa main reste tendue vers le groupe de Catherine Trautmann » -cheffe de file de « Faire ensemble Strasbourg » -, puisque l’éviction de Céline Geissmann et les raisons données prouvent le contraire. Céline Geissmann souligne ce paradoxe : « Mon départ sert d’exemple, il montre l’échec de coalition, de consensus et de compromis de la part de l’exécutif à Strasbourg. Pour moi, cela est significatif de l’incapacité de Jeanne Barseghian à travailler avec la sensibilité de chacun. »

Il s’agirait ainsi pour la maire d’affirmer son autorité au sein de son groupe, malgré les désaccords et les différends. « Nous n’avons jamais eu de discussion sur des points particuliers du programme », affirme Céline Geissmann, contredisant ce que la maire dit à ce sujet, toujours dans ce même communiqué de presse : « Je reste ouverte au dialogue entre les groupes politiques du conseil municipal.»

Alors, de la même façon quand Jeanne Barseghian parle de travailler en collaboration sur de « grands dossiers structurants, à commencer par l’affirmation de la vocation européenne de Strasbourg », Céline Geissmann note : « le communiqué de presse ne mentionne pas cette aspect-là de mes fonctions : j’étais certes adjointe ‘à la ville numérique et innovante’, mais également à la citoyenneté européenne, or ce n’est pas indiqué (…) ».

C’est pourquoi Céline Geissmann se dit inquiète, car aucun successeur n’a été annoncé pour l’instant à son poste : « Il semble que les questions européennes et numérique n’intéressent pas notre maire, alors qu’elles sont essentielles pour l’avenir de notre ville ! ».

Céline Geissmann dresse ainsi le bilan: « Je suis restée fidèle à mes convictions et je reste engagée dans mon groupe, car je suis toujours élue et conseillère municipale. (…) Mon groupe, malgré cette rupture, est soudé et nous continueront à être la vigie sociale de Strasbourg ».

Pour ce qui est de la majorité écologiste à la mairie, en espérant que cette fracture ne la fragilise pas davantage, les défis à relever sont de taille, concernant, par exemple, le numérique et la citoyenneté européenne.

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