Ces catastrophes que nous préférons oublier…

Il y a cinq ans, la plate-forme pétrolière «Deepwater Horizon» explosait dans le Golfe du Mexique. Depuis, on entend plus en parler - pourtant, la nature y souffre toujours.

Si une catastrophe comme celle de "Deepwater Horizon" devait survenir devant les côtes européennes, mieux vaudrait ne pas avoir de TTIP... Foto: US Coast Guard / 100421-G-XXXL / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Le 20 avril 2010, la plate-forme «Deepwater Horizon» située dans le Golfe du Mexique explosait. Pendant d’interminables 88 jours, de millions de tonnes de pétrole brut se sont déversés dans le Golfe et le géant pétrolier BP a commis des erreurs causant des dommages irréparables à l’écosystème de cette région. Seul avantage – celane se voit plus trop. Mais ce qui se passe sur le fond de l’océan, est une catastrophe environnementale.

Déjà en en 2011, nous avions interviewé le Docteur Geerts de l’Institut Alfred Wegener sur l’ile de Helgoland, grand spécialiste de la biologie des mers, qui critiquait les mesures prises par BP pour maitriser cette catastrophe. Les techniciens de BP avaient versé des produits chimiques sur le pétrole qui flottait à la surface de la mer, pour solidifier le pétrole. Pour le Docteur Geerts, il s’agissait d’une erreur énorme. «En laissant flotter le pétrole, qui est un produit naturel, il finira par se dissoudre sous l‘influence du soleil», avait-il dit, tout en pronostiquant que l’utilisation des produits liants, le pétrole allait descendre jusqu’au fond de l’océan où, à une profondeur de plus de 1500 mètres et dans le froid qui y règne, le pétrole ne pouvait plus de dissoudre et par conséquent, étouffer toute vie sur le fond de la mer.

Cinq ans plus tard, on ne peut que regretter que BP n’ait pas écouté les experts en la matière. L’utilisation de produits chimiques a eu exactement les conséquences annoncées – le fond marin dans le Golfe du Mexique est mort. Une région du monde de plus détruite par l’avidité de l’homme.

Aujourd’hui, sur les plages blanches de la Floride face au Golfe de Mexique, rien ne perturbe, à première vue, ce paradis. Ciel bleu, eau claire, tout semble aller pour le mieux dans le meilleurs des mondes. Mais il n’en est rien. Devant les tribunaux, les experts se disputent toujours le volume de pétrole déversé exact, histoire de déterminer les pénalités à payer par BP. Les avocats s’enrichissent et continueront à le faire, mais les fonds marins du Golfe sont morts. Les pénalités n’y changeront rien.

De dizaines de milliers d’animaux ont péri dans cette mer, même si BP se félicite que «la plupart du pétrole déversée se soit évaporée, ait été brulée ou se soit dissoute depuis cinq ans». Les organisations de protection de l’environnement aux Etats-Unis ne sont pas du tout d’accord et c’est logique. Puisque la plus grande partie du pétrole déversé a été solidifié et déposé à 1500 mètres de profondeur, comment peut-on alors clamer que ce pétrole n’existe plus ?

Les animaux marins souffrent encore aujourd’hui des conséquences de cette catastrophe. Selon une étude de l’administration compétence NOAA, les dauphins y souffrent de maladies des voies respiratoires et d’autres anomalies qu’ils affectent au compte du mélange pétrole – produits chimiques utilisé par BP. Et la catastrophe continuera pendant plusieurs décennies, car pour que le pétrole puisse effectivement se dissoudre, il a besoin de lumière et de chaleur, deux éléments que l’on ne trouve pas à 1500 mètres de profondeur.

Bof, pourrait-on dire, cela ne nous concerne pas. Nous n’habitons pas dans la région du Golfe de Mexique. Par faux, mais il convient d’y penser lorsque nos responsables européens négocient les traités sur les libres échanges avec les USA. Si nous permettons aux grands groupes américains de se comporter en Europe comme ils se comportent aux Etats-Unis, nous aurons du mal à imposer les standards européens en matière de protection de l’environnement. Si, après de telles catastrophes, le seul souci sera l’évaluation pécuniaire de ce genre de catastrophe, nous aurons de beaux jours devant nous en Europe…

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