Clap de fin pour Horst Seehofer !

Alain Howiller sur la fin de la carrière du « Roi de la Bavière » Horst Seehofer...

A 71 ans, Horst Seehofer se retire de la politique. Avec un bilan mitigé. Foto: H-stt / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Par Alain Howiller) – 2021 verra la fin de leur carrière de deux « monstres » politiques qui auront marqué l’actualité pendant des décennies ! Angela Merkel va quitter la scène politique avec les élections législatives de l’automne 2021 et Horst Seehofer vient, à son tour, d’annoncer dans une interview au « Spiegel » qu’il mettrait, lui aussi, fin à sa carrière politique après l’actuelle législature. « Après 50 ans d’activité, je changerai totalement de vie », a-t-il souligné, « vous ne me retrouverez plus dans aucun poste de responsabilité et vous n’arriverez plus à me faire revenir en politique et cela même si cette dernière devait continuer à m’irriter ». Clap de fin donc dans un peu plus d’un an pour l’actuel Ministre Fédéral de l’Intérieur, des Travaux Publics et de la Patrie (cette « Heimat » dont il a voulu ajouter la référence à son titre). Il se consacrera avec ce retrait à la rédaction de ses mémoires qu’il veut intéressants et pas destinées à cultiver son ego, des mémoires pour lesquelles il a conservé toutes ses archives !

En attendant, son « ego » en a pris un coup, lors de la dernière audition à laquelle a procédé une commission spécialisée du Bundestag qui l’interrogeait sur son rôle et sa responsabilité dans l’adoption du projet de péage routier et auto-routier. On l’avait presque oublié ; d’ailleurs, vous en souvenez-vous ? Il s’agit de ce fameux péage (« PKW-Maut ») à percevoir sur les routes et les autoroutes allemandes à partir… d’octobre de cette année !

Quand l’Alsace et le Bade-Wurtemberg protestent – Le Bavarois Alexander Dobrindt, alors ministre des Transports (2013/2017) d’Angela Merkel et actuel vice-président du groupe CDU/CSU au Bundestag, avait décidé, en 2014, d’instaurer ce péage qui aurait essentiellement touché les étrangers puisque son montant était déductible des taxes frappant les véhicules appartenant aux citoyens allemands ! Le Ministre entendait introduire ces péages avançant que l’Autriche, l’Italie, la France, la Suisse percevaient des péages de longue date.

La perspective de cette « LKW-Maut », contestée même en Allemagne où Angela Merkel avait fait état de réserves, avait provoqué de vives réactions dans les pays voisins en raison de son caractère discriminatoire vis à vis des étrangers frappés de plein fouet. Il avait suscité également des protestations en Alsace et au Bade-Wurtemberg car le péage, malgré certaines exemptions possibles, frappait les frontaliers.

La Cour de Luxembourg condamne – L’Autriche, s’appuyant sur le caractère discriminant du péage vis à vis des citoyens non-allemands, avait porté plainte contre l’Allemagne devant la « Cour de Justice de l’Union Européenne » (CJUE) de Luxembourg, pour non-respect des Traités européens. En Juin 2019, la cour donnera raison au plaignant et le péage sera abandonné. Il vient de revenir au Bundestag par la petite porte d’une commission qui auditionnait Horst Seehofer, Ministre de l’Intérieur, alors député CSU et Ministre-Président de Bavière. Il présidait à l’époque la commission parlementaire qui l’entendait aujourd’hui : de ce fait, il avait contribué à faire adopter le projet d’Alexander Dobrindt par le Bundestag.

En outre, la CSU, que Seehofer présidait à l’époque, avait exigé que le projet de péage soit intégré au programme de gouvernement. Et ce, malgré cette contrainte aujourd’hui reconnue : en campagne électorale en Bavière, il avait pris l’engagement qu’aucune nouvelle charge ne frapperait l’automobiliste allemand. D’où l’exemption fiscale prévue face au péage : il était persuadé – à tort – que la Commission de Bruxelles et la CJUE céderaient et finiraient par accepter le projet.

Le 4 Juillet, Horst Seehofer fêtera ses 71 ans : il se serait bien passé de cette audition ! Avec le Covid-19 et les manifestations qui jettent des centaines de protestataires dans les rues et sur les places, il avait bien assez de soucis.

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