Crise ? Quelle crise ?…

Les chiffres dans l'Ortenau (comme ici à Lahr) sont surprenant. Mais la partie est loin d'être gagnée... Foto: Bigbratze / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – « Crisis ? What crisis ? », demandait le groupe Supertramp. On pourrait se poser la même question en regardant les chiffres actuels du marché de l’emploi dans l’Ortenau voisine. Après une nouvelle baisse de 0,1 points, le taux de chômage s’y situe maintenant à 3,6% – comme si nous ne connaissions pas de crise sanitaire et économique actuellement. Mais ces excellents chiffres en cachent d’autres – qui sont plus inquiétants, car les effets de la crise frapperont plus tard.

Horst Sahrbacher, le chef de l’Agence pour l’Emploi d’Offenbourg, est prudemment satisfait, mais donne déjà un indice sur la vraie problématique. « Le marché de l’emploi dans l’Ortenau est toujours stable. Les offres d’emploi se situent toujours à un niveau élevé, même si le nombre de postes à pourvoir est largement inférieur qu’au mois de référence l’année dernière. Le chômage partiel a augmenté, ce qui montre que les entreprises veulent garder leurs effectifs. »

Le chômage partiel – la bombe à retardement… – Depuis le mois d’avril, l’Agence pour l’Emploi d’Offenbourg a enregistré 77183 personnes au chômage partiel dans 5424 entreprises dans la seule Ortenau. Il serait illusoire de penser que toutes ces 5424 entreprises survivront les crises actuelles. Les salariés des entreprises qui devront mettre la clé sous la porte, viendront prochainement grossir les rangs des chercheurs d’emploi et à ce moment-là, les excellents chiffres actuels baisseront de manière significative. Ceci dit, le gouvernement a parfaitement d’avoir prolongé le dispositif du chômage partiel – avec un engagement financier énorme, on essaye de sauver un maximum d’emplois et cette stratégie est la seule valable pour éviter le collapse de l’économie.

Un taux de chômage de 3,6% – on pourrait avoir l’impression que les crises actuelles aient épargné les voisins dans l’Ortenau. Mais cette impression est trompeuse – on y lutte comme ailleurs pour le maintien d’une perspective. Si, parmi les entreprises pratiquant actuellement le chômage partiel, la moitié ne pourra pas être sauvée, le taux de chômage triplerait et plongerait l’Ortenau dans une grande détresse.

A cela, il faut ajouter que l’évolution de la pandémie est inquiétante en Allemagne – contrairement aux chiffres publiés en France, le nombre de personnes infectées, malades, hospitalisées, ne fait qu’augmenter outre-Rhin. Il n’y a donc que peu de chances à ce que la situation puisse s’améliorer rapidement. Maintenant, la situation se transforme en un contre-la-montre, opposant la volonté de survie économique aux réalités d’une crise sanitaire et économique dont les conséquences ne commencent à se faire ressentir. Les prochains mois seront décisifs…