Culpabilité et punition

Ceux qui rejettent les nouvelles mesures sanitaires sont clairement minoritaires. Au lieu de les culpabiliser, il vaudrait mieux encourager ceux qui respectent les consignes.

Pas de masque ? Non-respect des distances sociales ou du couvre-feu ? Voilà ce qui vous attend... Foto: Sandro Botticelli, Kupferstichkabinett, Berlin / Wikimedia Commons / PD

(KL) – « Vous n’étiez pas assez disciplinés, donc, on serre la vis… », voilà le message que l’on entend entre les lignes du discours officiel. Mais cette corona-crise n’est pas un bras-de-fer entre le gouvernement et la population, mais un défi énorme qu’il convient de gérer ensemble. Un sondage réalisé par la 2e chaîne publique allemande, la ZDF, montre qu’une grande majorité des sondés approuve les mesures et que seulement 15% les trouvent démesurées. Le meilleur moyen de convaincre ces 15% d’opposants, c’est de donner l’exemple et d’encourager ceux qui les respectent.

Evidemment, on n’entend pas la majorité silencieuse qui elle, porte le masque, garde ses distances et se lave les mains régulièrement. Ceux qu’on entend, ce sont les opposants, comme ceux qui continuent (sans masque et collés les uns contre les autres…) à manifester contre le « mensonge de la Covid » à Berlin et ailleurs. Ils se livrent des bagarres avec la police, ils attirent l’attention des médias, mais – ils ne représentent que 15%. Les 8% des sondés qui estiment que les mesures ne vont pas assez loin, on ne les entend pas. Ils ne manifestent pas.

Les opposants aux mesures sanitaires, ce sont des champions du slogan creux qui n’ont strictement rien à proposer pour surmonter cette crise. Complotistes, extrémistes, ésotériques de toute sorte – ils sont les dignes représentants d’une frange de la population qui crie pour s’entendre crier. Probablement, ces manifestations les rassurent et leur donnent l’impression d’être « le peuple » et les défenseurs des valeurs démocratiques. Mais ils n’ont toujours pas compris que ces valeurs démocratiques ne sont pas mis en péril – tous les gouvernements tentent tant bien que mal de gérer cette crise inédite, parfois en prenant les bonnes mesures, parfois en commettant des erreurs.

Ceux qui manifestent contre les mesures sanitaires devraient proposer des alternatives. C’est facile de râler, c’est déjà plus difficile de penser à des solutions pour endiguer ce virus qui a déjà infecté bien plus de 40 millions de personnes dans le monde entier et qui se trouve actuellement en « vague 2 » qui elle, se présente de manière plus virulente, mais moins mortelle que la première vague. Ceci dit, les chiffres de la mortalité augmentent aussi partout en Europe.

Le discours officiel, la célèbre « communication politique », devrait changer. Une immense majorité des gens respecte parfaitement les consignes sanitaires et elle le fait sans faire du bruit. C’est cette majorité de gens qu’il convient d’encourager et de remercier, car ceux qui respectent ces consignes, sont ceux qui contribuent aux efforts de stopper ce fichu virus. Depuis le mois de mars 2020, donc depuis plus d’une demi-année, la majorité des gens fournit des efforts considérables et accepte des sacrifices variés pour participer à la lutte contre ces virus. Au lieu de les culpabiliser et infantiliser (« vous n’étiez pas sage, alors on vous interdit de prendre un café sur une terrasse… »), il faudra reconnaître ces sacrifices et efforts et communiquer plus positivement.

Cette crise, on ne la surmontera qu’ensemble. La plupart des gens ont compris cela et se comportent de manière conséquente. Laissons les autorités s’occuper de ceux qui pensent que c’est le bon moment pour continuer à propager ce virus lors de leurs manifestations et bagarres avec les forces de l’ordre – et adoptons un discours qui reconnaît le fait que la grade majorité des citoyens et citoyennes joue parfaitement son rôle. Ces mesures seraient beaucoup mieux vécues si on ne les présentait pas comme une « punition », mais comme un effort solidaire et volontaire. En attendant ce discours, espérons que ceux qui refusent de porter le masque ou de respecter les distances comprennent enfin qu’ils font partie du problème et non pas de la solution.

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